lundi 4 février 2013

Les Stratégies de l'intelligence

COMMUNICATION RIC II





LES STRATÉGIES DE L'INTELLIGENCE



Le rationnel n'est que la logique du relationnel.





« Toute connaissance

est une réponse à une question »

Gaston Bachelard








SOMMAIRE de la Communication RIC II


1 - L'intelligence cognitive
A - L'intellection
B - La cognition
2 - La cognition rationnelle artisanale
A - L'espace conceptuel
B - La stratégie de reconnaissance intellective
C - Le raisonnement et l'analyse intellective
D - La vérité rationnelle
E - La pensée rationnelle
F – L'axiomatisation

3 - Les facultés de maîtrise et d'orientation intellectives
A - L'attention
B - La conscience intentionnelle et la volition
C - L'inventivité
D - Le pseudo-rationnel onirique (dit irrationnel)

4 - L'apprentissage cognitif culturel

5 - Les seuils du savoir intellectif

Liens et voies de recherche pour aller plus loin


(Les figures mentionnées dans le texte n'apparaîtront, pour des raisons techniques, que dans les versions en PDF téléchargeables. Veuillez vous y référer.)
                                                                                                                           





II - 01 - L'INTELLIGENCE COGNITIVE



II - 01 - A - L'intellection



Toute rencontre est une expérience apportant une connaissance partielle qui enrichit le patrimoine cognitif. Tout est sujet de réflexion. Et toutes les connaissances diversifiées ainsi réunies s'organisent en systèmes de compréhension, de règles de décision et d'organisation en vue d'une application définie puis de programmes d'action. Systèmes sans cesse renouvelés par l'apport de données de plus en plus significatives. La connaissance ou prise de consciente totalisante unitive, saisie affective partielle ou intégrale du réel, exerce sa puissance sur tout notre vécu. Elle fonde la liberté.

L'intelligence cognitive est au cœur de chaque existant. Elle est uniquement instinctuelle chez les animaux, mais instinctuelle (sub-conscientielle), culturelle et sur-conscientielle chez les humains. L'une, liée à la subconscience génétique, est concrète, limitée à la perception de l'instant, rivée au champ perceptif immédiat et à la réaction métabolique la plus appropriée. C'est l'approche instantanée de toutes les relations psychosomatiques et des ressources environnementales en vue de trouver la solution la plus appropriée pour résoudre un problème. Cette intelligence sensorimotrice pratique est déterminée par les aptitudes génétiques (les prédispositions naturelles) et par les habituations acquises au cours de toute l'expérience de vie.

L'autre, l'intelligence ou la démarche cognitive culturelle, s'acquiert par l'apprentissage. Elle est la saisie rationnelle des relations entre les différents phénomènes de la réalité objectale qui nous pétrit, perçue à travers l'expérience des organes sensoriels. Elle est variante, éphémère.

La troisième, enfin, l'intelligence sur-conscientielle est la saisie intégrante de toute la réalité vécue, dans toutes ses dimensions chrono-spatiales. Elle expérimente le fait que nous sommes le temps, l'espace, partie intégrante de toute la réalité. Le champ de l'intelligence cognitive qui porte sur la réalité objectale est limité au champ du savoir expérimental rationnel. Tandis que le champ qui porte sur toute la réalité vécue est quasiment illimité.



II - 01 - B - La cognition



La cognition est la tension interrogative qui sous-tend l'être, la démarche qui porte l'individu à s'éveiller à la réalité autour de lui-même et à la réalité en lui-même. L'univers est en soi et en dehors de soi. (Et à la limite, il n'y a plus d'en-dehors et d'en dedans...)

Le monde objectal extérieur à soi est identique pour l'aveugle, le sourd, ou pour tout autre biotype prisonnier de ses limitations. Seule diffère la compréhension. Le musicien n'écoute que l'harmonie des sons, l'artiste peintre ne voit que les couleurs, le danseur que les mouvements... Cette compréhension rationnelle intellective qu'on a du monde est sujette à variations. La connaissance de la matière dépend des vibrations perçues, de notre degré d'attention, de la qualité perceptive des organes récepteurs, de leur fidélité, de notre interprétation et de notre appréciation suivant nos états affectifs du moment et l'expérience culturelle acquise. Nos affirmations ou négations n'affectent en rien l'existence autonome d'un objet. Nos interprétations (quelle que soit la sincérité individuelle) peut être source de malentendus et de conflits.

La stratégie de l'analyse intellective est centrifuge. Tandis que la synthèse vécue est centripète (con-centrée). Plus on s'éloigne du centre, mieux on observe les liens d'associations évidents. Plus on s'en rapproche, mieux on saisit la structure globale. Ces deux formes de prise de conscience se complètent. Leur contradiction n'est qu'apparente. La résolution de la tension interrogative ne se suffit pas de l'intelligence discursive. Elle a besoin de la certitude expérimentale du vécu.


II - 02 - LA COGNITION RATIONNELLE ARTISANALE


II - 02 - A - L'espace conceptuel



L'intelligence cognitive est le processus dynamique de recherche, de saisie et d'appréciation de relations par la manipulation des données consignées dans la mémoire, utilisant et confrontant le plus d'informations disponibles. Le rationnel n'est que la logique du relationnel.

L'intelligence cognitive est représentative. L'espace conceptuel d'intelligence est fait de relations iconales. Ce qui implique la coordination des schèmes de reconnaissance de relations iconales et de correspondances nouvelles, c'est-à-dire de toutes les opérations perceptuelles et constructionnelles inter-reliées à tous les systèmes organismiques par un processus d'accommodation constant entre les structures neuronales innées et les structures acquises. L'intelligence coordonne et structure la réalité vécue en ordonnant les perspectives informationnelles, évaluant leur valeur et leur portée.

Elle implique aussi, par le fait même, un dédoublement conscientiel, loi de distanciation vis à vis de tout phénomène extérieur. C'est l'état de conscience de soi (s'auto-percevoir) qui distingue la réalité objectale extérieure à soi de la réalité vécue. On se regarde à travers tous les sens comme témoin du monde. Cette conscience de soi devient, avec la maturité, la conscience de ses besoins et de ses désirs, ainsi que de ses limitations ; c'est ce qui porte l'individu à agir sur la réalité objectale. Cette reconnaissance différentielle prouve que les lois de la vie mentale sont les conditions même de la conscience rationnelle, culturelle.



II - 02 - B - La stratégie de reconnaissance intellective



L'acte de reconnaissance organise l'exploration focalisée de l'environnement contextuel, la localisation et l'appréciation des formes et des mouvements par la confrontation discriminatoire entre les données de l'expérience et les traces mnésiques. Cette exploration découvre, de distinction en distinction plus précise, les invariants spécifiques, les relations d'analogies, de similarité, de distinction et de contiguïté (c'est-à-dire des différentes combinaisons iconales pouvant exprimer une séquence signifiante), quantifier et qualifier les relations entre les différents niveaux, conjuguer les antécédents, établir des corrélations, etc. Et ce, suivant le principe de vérification continue de tout résultat par rétroaction ou feed-back. Le processus d'identification se bloque en cas de discordance et évolue vers sa conclusion en cas de parfait accord.

Le processus de cognition, basé sur la relation : percepts ⇒ concepts/conception ⇒ communication, nous l'exprimerons par l'organigramme suivant. (Figure 212). Les perceptions, intégration neuronale des informations et leur enregistrement selon leurs différences, leurs niveaux de valeur et leurs rapports, fondent l'analyse perceptive cognitive en fonction des paramètres biotypiques et de l'acquis culturel. La reconnaissance identificatoire (la compréhension intellective) cristallise les percepts en concepts, analyse les relations causales, les associations iconales, tous les signifiants, évaluant les connaissances significatives, également en fonction des paramètres biotypiques caractériels et de capacité intellective, ainsi que des référents culturels acquis. Les pensées expriment le déroulement du processus conceptuel.

La communication, elle, cristallise la reconnaissance, les concepts, en une claire formulation phonique, graphique ou gestuelle, illustrant la compréhension, en fonction tout particulièrement des paramètres ethno-culturels. La rapidité réflexive témoigne de la rapidité des processus, due principalement à l'habituation de l'intellect à faire face à toutes les données.

Dès la première prise d'air et, quelques semaines plus tard, d'accès à la lumière par la vue qui coordonnera désormais tous les percepts inter-sensoriels, l'intelligence cognitive commence à s'exercer par l'apport massif d'informations. D'abord par l'intégration progressive des influx bio-sphériques écologiques sous forme de percepts reçus par les canaux sensoriels spécifiques. Puis, plus tard, l'intelligence commence à se réfléchir par les diverses voies de communication comportementale, dont l'expression du langage, les percepts se muant en concepts iconales, organisant ainsi la compréhension active des situations par expérimentation active et l'exprimant par une logique opérationnelle, effet de l'adaptation sensorimotrice intentionnelle aux différentes situations. Ainsi s'oriente constamment la conscience culturelle par rapport à l'expérience.

Le pouvoir d'investissement de la décharge actionnelle peut être différé. Ce differt, suspension provisoire de l'action, est une caractéristique spécifique du biotype humain.



II - 02 - C - Le raisonnement et l'analyse intellective



Ce sont les procédures d'interprétation du réel. La raison est la pratique de l'intelligence estimative. Elle est la réflexion cognitive portée par les états émotionnels de base. En effet, la conscience réflexive réagit selon la logique de son champ perspectif et obéit aux dictats de la subconscience génétique qui dirige l'intérêt qui se manifeste sous forme de tension impulsionnelle, émotionnelle. Ce niveau de conscience, nourrissant les relativités, est souvent déformant comme un miroir. Il s'assoupit et se paralyse durant le sommeil. Nous ne sommes plus alors conscients des connexions établies entre les différentes relations iconales.

Chaque individu possède une structure de raisonnement propre, sa propre méthode d'analyse, de traitement des données qui lui parviennent, qui lui permettent de distinguer le réel de l'illusoire, le permanent et le transitoire. Le raisonnement est soit inductif et progresse logiquement en remontant de l'effet à la cause, du particulier au général, de l'implicite à l'explicite ; soit déductif et progresse logiquement d'une prémisse valide jusqu'à sa conclusion, du général vers le cas particulier qu'il vérifie ; soit enfin distinctif, de décomposition analytique, dépouillement qui limite la portée de l'intelligence et accapare les sens sans résoudre les problèmes.

Ci-après la représentation du raisonnement par un graphe de pertinence, base opérationnelle simple, modèle de prospective systématique et de prévision conditionnelle. (Figure 213)


Le raisonnement est une habileté mentale d'analyse servie par l'accumulation mémorielle (l'érudition) et soutenue par une orientation directive majeure. L'apprentissage culturel et l'exercice des capacités logiques (validant les données ou critiquant les insuffisances) fondent la cohérence du raisonnement. Le discernement intellectif s'acquiert, s'éduque par l'expérience directe des problèmes.

La connaissance rationnelle de la réalité repose sur la conscience des relations anthropo-cosmiques, souvent entachées d'erreur. Et la valeur de la rationalité réside dans sa capacité de redressement constant des voies de l'erreur vers la voie de la vérité Et C'est en dépassant les coutumes établies de raisonnement que l'on parvient à se dégager des ornières. Sinon l'intellection, confinée dans les habituations intellectives, se trouvera réduite, défigurée, stérilisée.



II - 02 - D - La vérité rationnelle



On ne comprend que ce que l'on est préparé à comprendre. Toute rationalité est appréciations contrastantes momentanées, évaluations comparatives, fondées suivant des situations affectives toujours différentes. La chaleur, le froid n'existent pratiquement que pour celui qui les sent, au seul instant où il les ressent. Pour un point, la continuité d'une ligne est incompréhensible. Il n'y voit que les points consécutifs et la distance qui les sépare. Son horizon est limité jusqu'à la portée de son regard.

La ligne unidimensionnelle ne peut saisir la continuité d'une surface. Elle ne comprend que le rapport linéaire des points consécutifs. Le regard bidimensionnel ne peut saisir la relation spatiale entre différentes surfaces. Il n'observe que le mouvement d'une surface sans dimensions. Le regard tridimensionnel saisit la relation spatiale simultanée entre différentes surfaces. Le regard quadri-dimensionnel, plus profond, perçoit la coordination unitive de plusieurs systèmes de relations et de rapports organiques et les intègre. Pour un aveugle-né, le soleil, la lune, les étoiles, les couleurs « n'existent » pas.

Toute exclusive dans l'interprétation risque de dénaturer la compréhension des faits. Car toute vérité rationnelle est occasionnelle. Certes concrète, mais transitoire. D'où les multiples vérités et les aberrations intellectuelles et idéologiques qui prennent leur source dans une vision de la réalité déformée par les désirs individuels ou les fantasmes collectifs qui sédimentent les consciences dans les fanatismes. L'observation expérimentale, l'épreuve scientifique, peuvent, seules, valider rationnellement les thèses ou hypothèses et confirmer une intelligence particulière du réel.

Ainsi, d'étape en étape, l'horizon de la connaissance s'élargit. A chaque degré, à chaque avancée de la connaissance, le degré précédent apparaît, relativement, comme une in-connaissance. C'est pourquoi, il est honnête de s'abstenir de porter des jugements critiques hâtifs (ou définitifs) sur une thèse non-encore validée, sur ce qu'on ne peut comprendre, sur tout ce qui est hors de portée intellective rationnelle, reconnaissant ainsi ses propres limites - qui restent toujours à dépasser.

Il n'y a donc que la réalité immuable, inaltérable dans le fondement de ses lois, et des cherchants sur la voie de connaissance, des connaissants qui expriment leur expérience vécue de compréhension par des formules toujours renouvelées, et enfin la grande masse des méconnaissants partagés sur le sort de leurs errances. L'erreur étant, justement, provoquée par cette errance, cette insuffisance cognitive portée par un regard inexpérimenté...

Rappelons enfin le sens de l'aléatoire. Ce que nous disons aléatoire, c'est la réunion de plusieurs nécessités causales apparemment indépendantes, c'est-à-dire dont les liens ne sont pas établis (c'est le hasard qui y préside), c'est la rencontre de séries causales apparemment indépendantes, de relations imprévues et imprévisibles. Le nécessaire, c'est la réunion inévitable, logique et cohérente de certaines nécessités causales interdépendantes reconnues comme telles.



II - 02 - E - La pensée rationnelle



La pensée est la conclusion du raisonnement, la puissance rationnelle synthétisante, unitive, l'intelligence qui établit tous les rapports d'une relation problématique et qui en rend compte par une formulation claire. Elle institue la signification permanente d'un événement singulier. De ce fait, elle est la cause motrice, la matrice qui élabore toute action et distribue les énergies nécessaires aux organes de réalisation. Toute action constructive résulte de son pouvoir de réalisation.

Toute pensée formulée est quasiment un existant complet et transmissible. Comme par exemple un logarithme. Il a une certaine forme d'existence mais qui, cependant, ne possède pas un pouvoir d'évolution autonome, indépendant de celui qui le forme ou le transmet...

Rappelons que la pensée n'est liée au cerveau qu'en tant que celui-ci est l'outil de son expression. Autrement dit, l'homme pense avec son cerveau. Le cerveau ne saurait penser seul. Il n'a que des états physiologiques liés aux structures neuronales de connexions synaptiques. Une blessure au cerveau affecte la mémoire consciente, la perception consciente et les paralyse, suspendant l'activité des centres cervicaux. Elle détruit un passage, une voie d'expression de la pensée et non la conscience elle-même. La pensée, étant essentiellement formée de la synthèse de relations iconales, est en conséquence et avant tout un état émotionnel. Le rationnel, c'est bien la conscience que nous avons de la logique et de la cohérence de nos analyses et des relations que nous avons établies, parce que portées par notre intérêt, i-e nos états émotifs. « La forêt, disait Bachelard, est un état d'âme ».

La conceptualisation ou formation de concepts est la systématisation d'une relation sous la forme de symboles abstraits généraux qui schématisent les connaissances acquises sur une réalité donnée. Ses procédés soutiennent la pensée logique avec ses facultés d'analyse, de choix et de valorisation des concepts, ce qui aboutit au travail inventif, créatif, de découverte.



II - 02 - F - L'axiomatisation



L'axiome est point de départ pour une déduction logique. L'axiomatique suit le déroulement suivant en triangle:

Les réalités expérimentales > Induction > Reconnaissance des propriétés >

Déduction > Axiomatisation > Validation >

Application

(Figure 214). Nous y reviendrons.




II - 03 - LES FACULTÉS DE MAÎTRISE

ET D'ORIENTATION INTELLECTIVE



II - 03 - A - L'attention



L'attention est la perception objectale distanciatoire focalisée portée par un intérêt particulier qui l'oriente. Le champ de conscience se rétrécit ou s'élargit suivant la portée de l'attention. La fascination est le pouvoir affectif qu'exerce un objet extérieur sur les structures cognitives. Et c'est particulièrement la fascination qui oblige le sujet à soutenir toute son attention au foyer de sa conscience. L'attention est, exactement, la réponse à une fascination. Elle est soit involontaire, soit volontaire.

Le mono-idéisme (l'idée fixe) est le rétrécissement in-volontaire, spontané, du champ de conscience. Porté par des impulsions subconscientes, il exprime une obsession fixée au foyer de la conscience. Tandis que la fuite des idées exprime un élargissement, également involontaire, du champ de conscience vers des horizons non maîtrisables.

L'attention volontaire, intentionnelle, est la concentration vigile activement dirigée qui rétrécit, consciemment, volontairement, le champ de conscience et fixe en son foyer une représentation iconale précise, à des fins spécifiques. Elle marque le pouvoir de la maîtrise intellective. Comme effets de l'attention, citons d'une part, la netteté de la représentation qui offre alors une intensité maximale, puis d'autre part, la diminution des temps de réactions réflexes, et enfin l'orientation et l'organisation finalisée des facultés cognitives rationnelles.

Autrement dit encore, l'attention est un état de concentration éprouvé après une dispersion mentale. C'est la conscience d'avoir conscience. Elle est passive, mécanique (on regarde un film qui nous fascine); spontanée, provoquée par des facteurs externes comme la rareté d'un objet ou d'un évènement, la soudaineté de son apparition, ou de facteurs internes, fonction du tempérament, de la, culture, de l'état affectif, des engagements, des sources d'intérêt, etc. Elle est enfin, volontaire, contrainte, gouvernée, polarisée par l'intérêt conscient et dépend des conditions psychosomatiques, de l'intensité de l'impression en fonction de l'intérêt que cette impression représente...



II - 03 - B - La conscience intentionnelle



L'intention est le désir concentré et dirigé, exprimé en vue de la réalisation d'un objectif précis. Le désir est soit involontaire et exprimé physiologiquement par une action réflexe, soit volontaire, et exprimé lucidement, en toute conscience de soi. C'est la volition.

L'intention résulte donc des processus de raisonnement et du jugement final concluant. Elle se traduit par une décision d'action endogène ou exogène déterminée, un commandement (un ordre formel) transmis aux organes spécifiques pour exécution, avec les délais prévus. La volition, cas de l'intention lucidement réfléchie, peut contrôler ou plutôt orienter la force dynamique des appétits, les fortes pulsions de la subconscience génétique qui la sollicitent, et les désirs, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du corps. Cependant les faiblesses, maladies, douleurs, et toute perversion de l'harmonie psychosomatique, paralysant le système nerveux, entravent la clairvoyance intellective rationnelle et par conséquent la conscience intentionnelle volontaire.

La volonté (ou le pouvoir de volition) des indécis se désagrège, déficiente. Les instables, les inconstants, ne connaissent que des caprices à satisfaire, des impulsions involontaires de valeur ponctuelle. Tandis que les obstinés poursuivent, avec un entêtement résolu, la réalisation de leur projet jusqu'à l'accomplissement de leur ferme intention soutenue par les effets complémentaires des tensions affectives et intellectives. Les extrêmes de la conscience intentionnelle rationnelle se nourrissent de malentendus, de fanatismes, de frénésie, d'excès, d'énergies déflagrantes. Les heurts entre les volontés rationnelles opposées ont fait tout le mal-être qui sème les désastres à longueur de guerres...

Comme toute fonction, plus on exerce la conscience intentionnelle volontaire, par la pratique et l'art de concentrer son pouvoir dirigé par le cerveau en un seul point, en un moment donné, dans une direction donnée, plus elle se développe et fortifie sa puissance. Le désir projeté est efficace à la condition d'en visualiser tous les détails sur lequel il porte. S'il est accepté par les consciences comme une nécessité constructive, il est retenu. Sinon, il est rejeté.



II - 03 - C - L'inventivité



Ou la créativité, le déploiement de l'art, de l'acte intelligent qui n'est que le réassortiment de jonctions transformationnelles, dans le but de résoudre un problème posé par les conditions d'existence. L'illumination est un éclair de connaissance, résultat non d'un raisonnement pur, mais d'une connexion iconale neuronale inédite, qui explique brutalement une relation auparavant ignorée.

L'invention des solutions induit nécessairement la conception du but à atteindre et l'adaptation clairvoyante des moyens à cette fin, ainsi que la conception des rapports entre la structure de l'outil et celle des organes dont il est le prolongement. Elle induit l'utilisation de l'outil adéquat et l'organisation de la conduite nécessaire à l'aboutissement du geste. Introduire le pur hasard dans un tel cheminement serait absurde. Cependant certaines relations aléatoires, imprévues, orientent souvent les choix.

Ainsi technique et science ont-elles partie liée, quoique souvent déphasées chronologiquement. En effet, le passage de l'implicite à l'explicite, de la tendance utilitaire, de la fin intéressée, concrète, à la prise de conscience des moyens, la réflexion sur la technique et à la fin abstraite, s'opère graduellement. Atteindre la raison des choses, déterminer les rapports constants - les lois - entre les phénomènes, dégager la causalité et le déterminisme, n'apparaissent qu'après l'usage d'un outil. Cependant la science, talonnant la technique, en assume - par feed-back - l'efficacité et la puissance de son action.



II - 03 - D - Le pseudo-rationnel onirique (dit irrationnel)



Le sommeil, état différent de la vigilance, à logique interne spécifique, est caractérisé par la perte de conscience rationnelle et la chute du tonus musculaire. Il est interrompu par des activités oniriques, déroulement d'images mises en scène à perte de vue, supprimant toute censure, libérant le cerveau de tout blocage socio-culturel, et ouvrant le rêveur à univers sans frontières, à la découverte des dimensions inconnues de la réalité.

Cette activité onirique est indispensable à la régulation psycho-somatique. Si l'on en est privé, l'épuisement qui en résulte s'exprime par une forte irritabilité, une anxiété, la perte d'appétit, l'augmentation de poids et en définitive par le claquage de l'organisme, la mort. Le tracé encéphalographique durant les périodes oniriques révèle une forte activité électrique cérébrale ainsi qu'une activité cardiaque et respiratoire intense, identiques à celle de l'état de veille active, mais accompagnée cependant de la disparition totale du tonus musculaire.




II - 04 - L'APPRENTISSAGE COGNITIF CULTUREL



L'aptitude à l'apprentissage, déterminée génétiquement, est la capacité à établir des connexions iconales et des notations discriminatoires. Et l'élargissement de cette capacité imageante mesure le degré d'intelligence cognitive et la précision de l'adaptation au monde.

Les capacités d'apprentissage et de mémorisation, les compétences intellectives et les certitudes d'identification performantes augmentent avec l'âge. Et il n'y a pas de seuil critique, de limites à l'intelligence du monde. Les limites de la compréhension reculent sans cesse. Le ciel sans cesse s'élargit.

L'apprentissage culturel, nous le définissons comme étant la découverte progressive de la spatialité de son corps et de la corporalité de son expérience individuelle de vie, de la découverte de son rapport de nécessité à soi-même et au monde, de la découverte de la finitude dans l'inachevé et de l'infinitude dans la plénitude, et enfin de son désir et de son pouvoir de liberté et de responsabilité constructionnelle. Autrement dit, de son origine, de sa finalité et de sa route. Ce qui veut dire que la connaissance ne peut être exposée parfaitement. La connaissance se pratique. On s'y exerce individuellement. Pour savoir qui on est, ce qu'on est, ce qu'on veut, pourquoi, et comment y parvenir.

Ainsi l'apprentissage culturel, par ce pouvoir imageant acquis, de visualisation et de mises en correspondance, se trouve-t-il déterminant dans la structuration comportementale de l'individu, ses initiatives de conduite. La réalité n'est pas une formule abstraite ou une contrainte impersonnelle. Elle est une donnée concrète. Et elle oblige, par devoir de lucidité selon les infinies nuances du discernement, à l'approcher dans la totalité de ses aspects. D'abord pour la satisfaction intellective, ensuite afin d'atteindre un plus haut niveau de conscience, conduisant à la maîtrise des données et à leur orientation. Mieux nous comprenons, mieux nous agissons sur la réalité. L'ignorance, aujourd'hui, est inexcusable.



II - 05 - LES SEUILS DU SAVOIR INTELLECTIF



Un mot dit-il tout un livre ?

La conscience intellective, la pensée discursive s'empêtre dans le théorique, les fixations, les préjugés, le spéculatif, l'approximatif, les dissections analytiques, les rationalisations qui enchaînent à l'arbitraire des codes. Elle est dissolvante. Elle ne cerne que des aspects partiels de la réalité et s'entortille dans les entraves, les ornières, les tourments de l'impuissance expressive, l'étroitesse des attachements vains et déçus, qui vous roulent dans les remous, enflés d'illusions, dupes des apparences, dans la stagnation des conflits irrésolus.

L'identité essentielle de la réalité échappe à toute catégorie conceptuelle, à toute réflexion. Concevoir rationnellement c'est ramener à sa portée, à son futile niveau, l'indifférencié, l'indivisible, l'ineffable réalité universelle, in-codifiable, in-définissable, ir-représentable, in-communicable, in-formulable par nos faibles mots. La réalité expérimentale est au-delà des mots. Il est impossible de saisir, de cerner l'entière réalité du vécu dans un réseau de mots et de concepts. La réalité expérimentale est totalement insaisissable par les voies conventionnelles du raisonnement. Elle est hors de portée intellective. Elle est inclassable, incontrôlable. Par exemple analogique, l'expérience de l'amour est strictement irrationnelle, hors rationalité intellective.

Penser la réalité, la formuler, c'est la limiter selon nos ancrages. Tout ce qui peut être appréhendé par l'intellect est relatif. La faculté cognitive rationalisante traduit les données sensorielles ou instrumentales en réflexion catégorielle discursive.

L'intellect est un outil de travail idéal pour la reconnaissance des relations entre les fréquences basses et moyennes de notre ambiance et pour les travaux techniques matériels. Mais il est trop « lourd », inadapté, pour analyser les fréquences supraluminales, de « l'im-matière ». La surconscience est l'outil spécialisé pour reconnaître les relations entre les fréquences supra-luminales. Mais il faut pour la laisser survenir fermer les écoutilles... A chaque besogne, un outil adéquat. Tout est moyen pour une fin. Pour l'organisation scientifique, une faculté d'analyse, de raisonnement, une rationalité contraignante et limitatrice, qui ne traduit cependant que notre conscience appréciative personnelle du monde ambiant. Et pour le travail délicat, en profondeur, il nous faut un outil délicat, subtil, la surconscience α.

Aucun des deux outils n'est, bien sûr, à exclure. Puisque nous les possédons, autant les utiliser tous les deux et travailler à les développer. Mais l'on doit savoir que l'on doit renoncer à chercher l'absolu de la réalité expérimentale intrinsèque par les seules facultés intellectives, impuissantes à la formuler.



L'on doit vivre la connaissance, pénétrer le sens intégral de la réalité, non seulement en démonter ou en démontrer les aspects. Distinguer, identifier, différencier, évoquer, nommer, quantifier, qualifier, toute désignation séparatrice, toute discrimination comparative est insuffisante. On balbutie ce que la réalité pourrait être. Toute affirmation directe, toute opinion additionnée d'arguments, toute périphrase, tout qualifiant, risque d'être déformation qui emmure notre saisie intuitionnelle dans l'incompréhension et les malentendus.
La dualité logique est une propriété de la conscience intellective. La structure dualiste nous entraîne sur le cercle des impasses paralysantes. S'orienter vers la gauche, ignorant la droite, monter, oubliant le bas ? Le conflit surgit quand nous ne pouvons nous résoudre à cette stagnation. Il nous faut donc connaître autrement. Et par delà les dualités, le juste et le faux, la gauche et la droite, par delà toute relativité, vers l'essentiel, au centre du cercle, à la verticale. Ce sera l'objet de notre prochain cahier.


                                                                                                                               



LIENS et VOIES DE RECHERCHE pour aller plus loin




                                                                                                                                    

© Claude Khal 2013 


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