COMMUNICATION
RIC VI
PÉDAGOGIE
ET
INTELLIGENCE CRÉATIVE
1
- Le projet pédagogique
A
- Le projet novalien
B
- De l'unicité conceptuelle à l'harmonie opérative
2
- La démarche réalistique
A
- La connaissance rationnelle intellective
analytique
B
- Vers l'infaillible réalité
C
- L'expérience supra-rationnelle unitive • De
l'homme-taupe à l'homme-lynx
D
- Le besoin d'initiation aux connaissances
et aux arts
3
- Les situations inculturelles infantilisantes - L'éducastration
A
- Dressage parental ? B
- Dressage scolaire ?
4
- L'enfant et ses besoins
5
- L'enseignement-initiation à la verticalité
A
- Objectifs de l'enseignement novalien
B
- L'acte pédagogique initiateur
C
- Les stades éducationnels
6
- Les initiateurs
A
- Les parents
B
- Le premier apprentissage par la vie communale
C
- Les instructeurs-inspirateurs, animateurs - Action
pédagogique de l'enseignant
7
- L'atelier de pédagogie directe (de
l'éducation à l'induction)
A
- Intéressement pédagogique et autodidaxie B
- Stratégie coopérative
C
- Tout est ressource d'enseignement
8
- Parcours pédagogique : De
l'initiation aux maîtrises en 22 points
9
- Initiation professionnelle aux métiers
A
- Les Unions de francs-métiers
B
- Le parcours professionnel - Apprentissage,
qualification, maîtrise, expertise
C
- Relations interprofessionnelles et
fichiers d'identité
10
- L'initiation à la connaissance unifiante et
à l'expérience de la réalité
11
- Les centrales pédagogiques et
de documentation
A
– Les outils pédagogiques
1)-
Les centrales pédagogiques 2)-
Une banque centrale encyclopédique
B
- Les centres de documentation encyclopédique
1)-
Un système mondial d'information
scientifique
2)-
Structure de documentation informationnelle
C
- Les appoints informationnels
1)-
L'appoint télévisuel et numérique 2)-
Les périodiques informationnels
12
- L'insertion dans le chantier sociétaire
LIENS
et VOIES de RECHERCHE sur la PÉDAGOGIE
« Il
y faut beaucoup plus qu'une éducation :
une
fraternité. »
Jean-Claude
Morin
« Il
est facile de commencer.
Le
plus dur est de continuer. »
Proverbe japonais
Notre
refus de laisser les hommes se débattre dans des jeux vains et
dangereux se conjugue avec notre devoir de renouveler la connaissance
et sa formulation, en accord avec l'autorité des ultimes résultats
scientifiques tout en veillant à éliminer autant que possible les
équations personnelles. Nous n'avons jamais cherché à nous
institutionnaliser, notre garant étant notre désintéressement.
Notre aspiration à réintroduire la connaissance dans la
quotidienneté avec la contribution de tous les coopérants et notre
exigence d'épanouir tout l'homme en tout homme seront le témoignage
de notre rôle catalyseur et fondateur. Notre volonté de
redistribuer les valeurs cardinales (poly)culturelles de redressement
et de réorganiser les muances cohérentes par le développement
prioritaire de toutes les formes d'instruction afin d'établir dès
maintenant les conditions responsables du comportement social futur
de l'individu, toutes ces exigences novaliennes constitutives,
longtemps philosophèmes sous tension discursive, nous assignent
enfin l'occasion de commencer effectivement l'œuvre qui nous
éprouvera. Par cette communication, nous inaugurons le programme de
la partie réalisationnelle novalienne.
Le
déchirement survenait invariablement quand l'impuissance
opérationnelle s'opposait à la puissance conceptuelle. La raison
était, principalement, dans le fait que cette conception, inachevée,
semait des lacunes qui rendaient le projet mal accepté et
inacceptable pour une grande partie des concernés. Conscients de ce
problème, nous avons dénombré les données exactes et redéfini
toutes les difficultés, les approchant par une radicalisation sans
concessions qui a tout remis en question. D'où la relative hardiesse
synthétique de nos vues terminales (mais non pas définitives),
concluantes, nouveau départ - en fonction de laquelle toute notre
architecture pédagogique s'ordonne.
Nous
n'avons pas cherché à nous singulariser par une doctrine à tout
prix originale, mais à (re)trouver une solution pour que la société
humaine puisse vivre en harmonie naturelle opérationnelle et sans
possibilité pour des individus malintentionnés d'abroger le
« contrat » social naturel. Cette solution, que nous
avons présenté en plusieurs étapes, souligne la nécessité d'un
organisme sociétaire multicellulaire et d'une organisation, à
l'échelle planétaire, en associations corporatives
professionnelles, unions ou guildes de métiers. Conditions pour une
vie harmonieuse, au plus proche des lois naturelles gouvernant tout
organisme vivant.
Nous
sommes conscients qu'il ne nous suffit pas d'écrire ou de parler
pour convaincre ou simplement être compris, et qu'il nous faut
transformer par nous-mêmes les structures du passé en structures
plus communautaires et coopératives, moins individualistes et moins
anxiogènes... Mais, à l'étape actuelle de notre travail, nous
continuerons à exposer notre programme. Nous sommes arrivés à la
partie réalisationnelle. Dans cette communication, nous informons de
nos propositions pédagogiques. L'éducation fait la révolution. On
ne peut introduire une modification structurale radicale de la
société sans y préparer l'ensemble de ses membres par les
structures éducationnelles informationnelles adéquates. - Mais
faut-il, auparavant, former les formateurs, les instructeurs, les
éducateurs, les animateurs, les initiateurs - clés de toute
réforme. De réforme urgente, sinon indispensable.
L'ouverture
à l'intelligence de la réalité est le fondement (éthique) de
l'homme. Et toute ignorance, sans être une infériorité, est une
restriction à la liberté. Le devoir de chaque homme est de
rechercher la logique de la réalité et les lois universelles qui la
fondent (l'axis), de dépasser l'atomisation des connaissances en
intégrant les divers éléments de la réalité mosaïque en un tout
intelligible, et d'y découvrir l'ordre rigoureux des phénomènes là
où semble régner la contingence. Au lieu de mourir chaque jour dans
l'ignorance de soi et du monde.
La
réalistique est la découverte logique des structures quantiques de
l'Être - de l'entière universelle réalité des quanta, énergies
supraluminale, infraluminale, atomique, biologique et sociale, tout
aussi bien que du devenir concret de la société. Par une suite de
démarches logiques, intellectives rationnelles - sciences
descriptives indépendantes des aléas psychiques -, et
supra-rationnelles - connaissance vécue -, on se rapproche du
résultat escompté. La première démarche, la connaissance des
structures, dit la cohérence par l'analyse du multiple. La seconde,
l'expérience vécue, dit l'évidence, la conscience de l'Un.
L'intelligence est à la mesure de la puissance interrogative et
combinatoire. Et en même temps que s'accroît l'intelligence,
grandit l'univers et se multiplient nos interrogations.
Il
est malaisé de comprendre la nature spécifique du biotype humain et
des instances quantiques de l'Être, sans s'informer au préalable
des conditions générales d'existence et d'expérience, ainsi que
des caractéristiques physiologiques et comportementales des vivants
organismiques sur Terre, et dont l'homme est le couronnement, le nœud
d'évidence. Les exigences rationnelles exigent de voir et de
comprendre avec les yeux de l'intelligence analytique et des
arguments matriciels suffisants. L'intuition de l'évidence est
insuffisante. Il faut la rigueur et la précision.
La
rigueur et la précision dans l'inventaire encyclopédique de toutes
les observations, expériences et connaissances possibles, dans le
but de préciser et de valider, de confirmer ou d'invalider les
thèses, de rechercher les concordances, les variations
concomitantes, etc. Ce qui implique une méthode de pensée, une
technique de découverte et de vérification qui refuse de se fonder
sur la pure conscience individuelle, jouet de multiples
conditionnements, et qui ne puisse rejeter ce qui dérange les
raisonnements établis. Il s'agit donc d'un projet de connaissance
rigoureuse, d'une méthode de savoir relevant l'intelligibilité des
structures et tendant à la systématisation des connaissances
fragmentaires en un ensemble rationnel précis, cohérent.
Ce
trajet intellectuel dégage les liens de nécessité entre les
éléments, les nécessités causales (les conditions paramétriques),
fait l'inventaire précis des lois matricielles de la réalité
quantique, identifie les phénomènes, les relations existentielles
d'équivalences ou d'exclusion mutuelle, les décrit, les explique,
les prouve en validant toute argumentation... L'expérimentation
analytique opère en prélevant, isolant un aspect par l'observation
partielle d'un objet, la vérification qui précise ses fonctions,
s'instruisant ainsi par ce qu'on découvre, démonte et reconstruit,
la classification par coordinations solidaires ou par subordination à
d'autres phénomènes, et enfin par la descriptive, la distinction et
l'extension des conclusions, suivant une déduction analytique
formelle inclusive et conclusive. Technique démonstrative par
axiomes et définitions.
A
travers l'expérience vérificatrice qui interroge la réalité sur
les lois qui la fondent, l'attitude explicative, qui va de
l'apparence à ce qui la justifie, parcourt la logique existentielle
et définit les lois à validité infaillible, les variables
complexes et les rapports immuables. Elle vise à connaître bien ou
mieux le peu que l'on sait. La démarche intellective procède
suivant des méthodologies propres à chaque science. Le traitement
logistique en science de la preuve procède selon deux méthodes
complémentaires. La méthode analytique, démonstrative,
heuristique, (régressive), remontant des effets aux causes, des
causes particulières aux causes générales et la méthode
synthétique, descriptive, explicative, critique, (progressive),
allant du plus connu au moins connu.
Les
axiomes sont des conclusions affirmées dans la mesure où le
raisonnement antérieur les valide et qui deviennent, dès lors,
départ d'un raisonnement ultérieur. Autrement dit, ce sont des
énoncés provenant de l'analyse démonstrative et qui deviennent
définitions référentielles expliquant la raison des effets et
légitimant une axiomatique générale. La conscience rationnelle,
par son effort d'axiomatisation, saisit un système de relations par
vision active et les met en relation par des déductions achevées et
une suite d'inductions, glissant dans une continuité cohérente,
dans un système de rapports homogènes. Et toute chaîne
d'évènements s'écoulera, par suite, à travers les
référentiels-axiomes qui cernent le plus près possible les données
d'identité et d'infinité et transforment l'information en
signification.
Les
formulations symbologiques relèvent de la technique de saisie
relationnelle, rapide (abréviative), sûre (par des formules fixes -
algébrique), mécanique (induite par un automatisme mental) et
pertinente (choisie selon ce qui convient le mieux à l'approche
entreprise). Elles sont les auxiliaires précieux du raisonnement au
même titre que tous les instruments technologiques, théories
matérialisées...
Le
manque de rigueur, les rhétoriques hallucinatoires, les
connaissances qui s'occultent, l'ir-rationnel (qui n'est qu'un défaut
de rationalité), l'illusion et les querelles de mots en sont
pourtant les ersatz, tout jugement, dans ce cas, n'étant qu'une
estimation, une appréciation plus ou moins arbitraire... Et toutes
les divergences d'opinion ont leur source dans l'emploi de termes
différents pour signifier la même chose. La rationalité semble
être « le fou dangereux » de l'intelligence. Mais
la connaissance intellective est, finalement, comme la poésie. A
travers l'absolu des mots, elle ne recherche que l'absolu silence,
l'Être en soi, d'une infinie présence.
L'observation
scientifique de la réalité nous révèle d'abord que tout est effet
de causes actives. Tout révèle la dépendance et l'interdépendance
effective des phénomènes et des événements. Les faits
s'engendrent les uns les autres, en permutations constantes. Chaque
nœud est résultat du précédent et condition des suivants... Les
implications causales déterminent des effets définis, dans la
mesure où elles sont connues.
Puis,
qu'en effet, le réel est, d'une part, le déjà connu, le visible,
le compréhensible et, d'autre part, le non-encore connu,
l'in-visible non encore capté, le non-encore compréhensible,
l'à-découvrir, aussi bien dans le détail que dans sa totalité.
Autrement dit, il n'y a pas de sur-réalité absolue, de sur-naturel,
ni de mystères, ni de secrets. Le surnaturel n'est que
l'in-habituel. C'est qu'en fait, il n'y a que des ignorances, des
lacunes dans notre connaissance. Et les différentes philosophies ou
les différentes sciences sont, justement, des stades dans l'approche
cognitive de la réalité. Il y a une réponse mais combien de mots
et de systèmes différents pour l'exprimer ! C'est ce qui fait
apparaître ces réponses comme partielles et provisoires. Et l'Homme
est bien « la mesure de toute chose », comme le
disait le sophiste grec Protagoras.
L'observation
scientifique de la réalité nous révèle enfin que la réalité est
vivante, qu'il n'y a rien de profane et rien de sacré, que le réel
est un ensemble de relations structurales entre les différentes
parties d'un tout. Que rien n'est centre ou plutôt que tout est
centre, que tout est nœud, que tout est rencontre, que tout est
lien. Que tout est plein, sans replis, que tout enclos est relatif.
Qu'il n'y a pas de hors-texte, que tout est dans-le-texte,
plein-Être. Vie.
Que
tout est convergence d'énergies et de lois en résonance, orientées
dans des dimensions chrono-spatiales directionnellement définies, et
qui affectent simultanément tous les niveaux d'existence. Que tout
se réalise constamment, mais que rien ne cesse d'être. Que tout se
transforme, que ce qui commence finit et que toute fin est un nouveau
commencement. Comme toute phrase dans un texte, elle paraît
discontinue tandis que le réel, le texte du réel, est continu. Mais
qu'à la limite supra-luminale, rien ne se réalise plus, l'absolu
énergétique quantique étant ce moment présent, sans limite,
éternel, infini - et rien d'autre. Mais entre le constaté et le
constitué, toute une distance.
De
l'homme-taupe à l'homme-lynx
Comprendre
est un acte de maturation. Il répond au besoin de vision totale
inhérent en l'homme. La compréhension intellective et la
connaissance acquise dans les livres ou par voie orale restent
incomplètes. Acquises par les sens, toutes les procédures
conceptualisantes formelles restent unilatérales, partielles et
partiales. Le livre et l'expérience des faits nourrit l'intelligence
du réel mais ne la constitue pas. Il est impossible de mesurer le
réel avec le seul connu intellectuel. Les erreurs de conception se
sont souvent révélées des élucubrations sans autre fondement
qu'une logique basée sur l'intuition. Des philosophes de
bibliothèque, à l'érudition universitaire, ont par le passé
fomenté nombre d'artifices conceptuels. Souvent, autruches étouffant
leur tête dans les concepts, lorsque le doigt montre la Lune, ils ne
regardent que le doigt...
Il
faut, pour s'en sortir, mise à part la voie intellectuelle
théorique, la compréhension expérimentale, l'expérience reliante.
La connaissance communielle, l'adhésion intégrale, est hors
d'atteinte des mots. Toute discussion la paralyse. Cette voie relie
les connaissances, elle est la conscience des analogies, des
correspondances. Elle procède par identifications continuelles.
C'est ouvrir les yeux - au risque de s'aveugler - mais au-delà de
toute contradiction. Comme l'amour, c'est chanter et s'enraciner. Ce
besoin de vision totale, contre la foi déiste et la foi athée,
déroule l'expérience de la connaissance pure qui est amour pur - et
aveu de l'intelligence qui con-naît (à) la réalité. Naissance à
soi et au monde. Connaissance dynamogénique qui comprend le Tout et
ses parties, le global et le particulier, le successif et le
simultané, sans contradiction, et les intègre, synthèse active,
dans un même sens où tout s'articule, s'intégrant parfaitement.
Les
réponses intellectuelles n'épuisent jamais les questions. Seule
l'expérience de la connaissance unitive résout toutes les
questions. Toute certitude fondamentale est fondée sur l'expérience
vécue - qui reconstitue tout l'univers. Activité structurante qui
nous fait passer d'une intensité souvent confuse à la pleine
lucidité, éclairant toutes les valences dans une lecture nette des
simultanéités, des successions, des identités insécables. Une
lecture qui dégage les singularités, les structures partielles, qui
reconstitue les différents stades structuraux et qui vérifie la
validité générale, les fondements de l'Être. Mais elle est sans
preuve formelle. Ou plutôt sa preuve est dans le rayonnement
insoutenable de l'expérience..
L'homme
est l'unique biotype de la Terre qui naît absolument ignorant, sans
savoir tout ce qu'un être a besoin de savoir pour survivre. Il naît
absolument démuni de tout. Contrairement à tous les animaux qui,
dès leur naissance, savent utiliser leurs membres, guidés par un
instinct sûr, le petit de l'homme doit apprendre, s'initier à la
préhension, par l'intermédiaire d'initiateurs avertis.
Ses
connaissances opérationnelles s'acquièrent essentiellement par
l'expérience de la redécouverte personnelle. Et si l'individu
désire reconnaître l'exacte nature de sa réalité, de la réalité
qui exerce sur lui une incessante fascination, s'il désire découvrir
sa trace, savoir interroger sa finalité et décider de son destin
tout en contrôlant sa pensée consciente, il doit s'adresser à des
initiateurs encore plus avertis - qui lui confirmeront que toute
méconnaissance est une limitation, que toute limite est à
surmonter, et que l'on doit s'en affranchir, se déconditionner, par
une ascèse rigoureuse et certains exercices de visualisation, par
exemple, ou d'identification, pour savoir lire la textualité
concrète de l'univers, et acquérir en conséquence, une certaine
autorité sur son destin assumé... Cette initiation à la réalité
à soi-même et à l'univers, cette mise sur la voie est l'unique
chemin nécessaire pour élever le biotype humain de l'animalité
instinctuelle aux innombrables maîtrises..
INFANTILISANTES
-
L'ÉDUCASTRATION
Si
l'être humain n'est considéré que comme un objet d'exploitation
pour une société de prédation recyclant les règles de la
compétition dans la concurrence, qu'un rouage de machine pour
augmenter la production et les profits de certains prédateurs, et
qu'on lui enseigne, par cycles de contraintes imposées, à mourir un
peu chaque jour dans la consommation infinie de bonheurs infimes, il
se verrait perdu, anonyme, dans une masse de suivants agités.
L'école
serait-elle alors ce nouvel opium des peuples qui, par sa pédagogie
disloquée, encombre l'intelligence par des futilités sans
conséquences, organise l'apprentissage de la consommation
irréfléchie, et œuvre à la préfabrication de diplômes
d'obéissance brute et d'insertion idéologique ? L'école ne se
soucierait-elle alors que de former des comportements adaptés à la
situation exigée par le fait social ? La vie est-elle ainsi
toute tracée ? L'enfant n'a-t-il qu'à obéir, à consommer et
à consumer sa vie ?
Dans
cette logique idéologique de la concurrence non régulée, le groupe
parental, nourriture culturelle de l'enfant, n'a-t-il rien d'autre à
lui offrir que les valeurs de la rentabilité institutionnalisée ?
Avide de profits et de performances sans autre finalité, il oblige
l'enfant à se plier à la kleptocratie honorable, conforme au modèle
social courant. Une telle société ne se soucie que du conformisme
des idées à enseigner, non de leur exactitude ou de leur valeur.
Par ces exigences inculturelles de transmission de ce qu'elle croit
être vrai, elle prétend que le monde est tel que le voient sa
myopie intellectuelle, son avidité et sa paresse. Par sa volonté
d'accaparer l'enfant par un lavage de cerveau continu, au moyen de
médias souvent sans imagination et sans audace, sans même qu'il
soit assorti de brimades (l'imitation seule comme ciment social
suffit), elle oblige l'enfant à lui ressembler, consacrant ainsi les
valeurs exclusives du profit et de cet art incomparable de tricher
pour réussir dans la vie...
L'enfant
devient ce qu'on le fait. Déformé par une telle formation parentale
et sociale, forcément docile, l'enfant cesse d'être lui-même
source et se compose un personnage, joue un rôle, porte un masque,
s'identifiant le plus souvent au père - le modèle, ou bien à ses
substituts amplifiés qui incarnent le savoir, l'autorité et le
pouvoir, représentant très dignes des accapareurs et des usuriers
institutionnels... L'enfant perd son identité en jouant à paraître
un autre, perdu à lui-même, à jamais peut-être. Il fait le beau,
comme un chien dressé, pour faire plaisir à tout le monde. Paraître
pour parvenir. Pour flatter ses (contre)-maîtres, il répète ce
qu'ils déclarent infaillible et se conforme au moule, selon le
« patron » d'identification majoritaire. En récompense
de sa docilité, il reçoit les diplômes attestant la valeur de sa
docilité aux idées reçues et le succès des méthodes de son
conditionnement. Et tout anti-conformisme - maladie de jeunesse du
conformisme - finit par se résorber (un conformisme chassant
l'autre). On ne contrevient pas trop longtemps aux usages de tout le
monde.
Livré
à la confusion quant à ses limites et à son pouvoir réel de
bonheur, empêtré dans un fatras de bribes d'un savoir sans cesse
démenti par l'avancée expérimentale des sciences, sans autre
initiative que celle de s'enfumer, de s'oublier dans la facilité,
bavard, n'ayant pas appris la signification de la parole et du
silence, l'individu qu'il soit diplômé ou non, l'esprit vassalisé,
végète, agité, dans le développement difforme unilatéral d'une
honorabilité de façade. Toute sa vie est une errance
psychonévrotique à genoux dans l'angoisse, l'humilité et le
travail obligé. Assiégé de miroirs déformants, cet éphémère
non-pensant, captif de l'imitation, secoué de fièvres, incapable de
toute synthèse reliante, voudrait dominer ce qu'il ne sait régir et
meurt de fatigue inutile.
Sa
quotidienneté lâchement acceptée, il cherche à la fuir, à
s'esquiver. Les voies de fuite dessinent un quadrillage d'impasses ou
d'insuffisances. Fuite dans le rêve, l'illusion, les fantasmes;
fuite dans la chasse à la possession pour la satisfaction immédiate
; fuite dans l'ivresse toxique et la fumée, dans l'euphorie
artificielle par les drogues abolissant les exigences de la lucidité
; fuite dans sa progéniture, considérée comme prolongement vivant
de soi...
Les
gouvernements médiocrates, les religions organisées et si vénales,
les partis politiques, tous les nécropolitains, aucun n'a intérêt
à déconditionner l'individu. Ils perdraient, tous, leur pouvoir -
ayant déjà perdu leur autorité. Leur dictature médiatique
éclairée ne peut tolérer les relations immédiates d'initiative.
Tous doivent toujours intervenir pour débusquer toute tentative qui
les dépouillerait de leurs privilèges.
L'école
serait-elle une prison planifiée où les élèves sont détenus,
obligatoirement et gratuitement ? Serait-elle
concentrationnaire, sinistre, oppressive, mesquine, esthétiquement
aride et éthiquement stérile ? Serait-elle écrasante,
castratrice, détruisant l'identité des enfants, leur faculté
coopérative innée, leur intelligence, en leur ravissant leur propre
présence ? Rendrait-elle l'enfant immature, irresponsable,
brisé et docile pour le livrer à la société ? L'élève
a-t-il donc désappris à sourire ? Serait-il un colonisé
inculte, toujours culpabilisé, docile aux injonctions publicitaires
et médiatiques, facile à manier, intégré dans un modèle social,
un moule uniforme, enrobé de différentes étiquettes hypnotiques?
Pouvons-nous
penser qu'il s'agit d'un phénomène d'inculturation programmée, de
mise en condition, d'intoxication et de décervelage par surmenage à
coups de matraques « pédagogiques », avec pour
conséquence la détérioration de la qualité humaine et sa
réification sans recours ? Favorisant et institutionnalisant
la médiocrité intellectuelle et sensuelle, les standards éducatifs
de complaisance ne produisent-ils que des individus sommairement
alphabétisés, incapables d'esprit critique, plus faciles à
manipuler ? Toutes les puissances publiques se liguent-elles
pour favoriser les régressions, la paresse intellectuelle,
l'émotivité, la passivité et faire accepter à l'individu,
inhibant son sens critique, sa soumission aux lois de la
marchandisation dans une situation de dépendance accrue aux caprices
incertains des modes ?
Est-il
vrai que cela accroît l'instabilité, les troubles de caractère,
l'angoisse, l'agitation, l'agressivité, les disputes, les jalousies,
les colères, les dispersions, les distractions, les dépressions,
les maux de tête, les douleurs dorsales, la perte d'appétit ou la
boulimie, les troubles de sommeil, les cauchemars, les troubles
sexuels, etc. ? Est-il vrai que, dans les classes d'âge
actuelles, l'on remarque, comme conséquence de cet état de fait,
une majorité d'éléments passifs (90%) et à peine 10% d'éléments
actifs... ?
L'école
est à l'image de la société. Elle privilégie l'adaptabilité au
milieu. Comment donc chanteront les lendemains de ces enfants à
l'intelligence rétrécie ? Emiettés par une éducation polymorphe,
bloqués dans leurs rêves impossibles, les jeunes chercheront-ils à
se débrider dans l'improvisation carnavalesque avant de mourir
d'ennui devant un ciel vide ? Leur langage d'égoût, à
l'enseigne pathologique du terrorisme inculturel, exprime-t-il leur
aliénation à la vacance, à l'absurde ? Et pourtant, ces
jeunes ne devraient-ils pas être les forces majeures de rénovation,
le ferment d'une société nouvelle.
Trop
longtemps, l'enfant, objet possédé à vie par ses parents et/ou par
la société, ne pouvait réaliser la vocation qu'il portait en
lui-même et qui restait inemployée. Source d'angoisse qui cherchait
un exutoire pour sa personnalité inexprimée et qu'il s'efforçait
de contraindre, dans la violence ou le jeu, s'imaginant pouvoir
accroître sa puissance, ne serait-ce qu'à ses propres yeux. A cause
de l'impossibilité d'une communication réelle, en profondeur, due à
l’égoïsme et à la nécessité des affrontements pour le profit
ou la survie, il souffrait de n'avoir pas su donner ni recevoir. Il
se plongeait alors dans une gesticulation insensée, in-signifiante,
dans un consolationnisme affectif devant les films de crétinisation
massive, et se rassurait en croyant s'affirmer, contre la mort, dans
la fuite, la vacance, le vide démissionnaire.
Précisons,
quant à nous, ce que représente l'enfant pour une mentalité
unitaire au sein d'une civilisation novalienne. L'enfant ne nous
appartient pas. Il ne saurait appartenir à quelqu'un. Il est la
nature. Il vient à travers nous, de nous. Notre devoir est de faire
en sorte qu'il se réalise, (non qu'il nous réalise), que son
intimité respire, que sa personnalité se découvre, s'accomplisse.
Et nous lui donnerons, non pas nos idées figées, définitives, mais
notre amour et un amour qui n'enchaîne pas. L'enfant dépend
constamment de ceux qui savent plus que lui, jusqu'à ce qu'il sache
autant sinon mieux que ceux qui l'enseignent. Mais nous devons faire
en sorte de ne pas le modeler à notre image. Il est l'avenir, sujet
responsable de son destin et du destin humain. S'il est le produit de
l'histoire des sociétés, il ne devrait plus en être le jouet mais
l'élément essentiel du devenir. Ses initiateurs seront comme l'arc
tendu. L'enfant sera la flèche et l'objectif.
L'enfant
change cinq fois d'intelligence. Brièvement, jusqu'à un an,
l'enfant imite, sans pouvoir se reconnaître. Période
d’accommodation durant laquelle il associe les données perceptives
et ses réflexes et assimile les situations expérimentées. Jusqu'à
deux ans, il précise les stimuli et la portée de ses
réflexes-réponses. Il différencie les buts et les moyens. Et toute
réussite stimule la répétition et l'assurance. A deux ans, son
pouvoir de représentation s'affirme par l'imitation différée, les
jeux de fiction, approche partielle du réel. Son langage est
imitatif et se compose d'évocations d'images.
De
2 à 7 ans, il organise mieux la communication avec autrui. De 7 à
12 ans, il acquiert la pensée catégorielle, il structure les
relations logiques rationnelles, s'appuyant sur les faits concrets.
De 12 à 14 ans, il saisit les concepts. Après 14 ans, il saisit les
grands systèmes d'abstraction appris et en invente de nouveaux, à
la mesure de son intelligence.
L'éducation
est un élément du phénomène héréditaire. La transmission des
connaissances et l'exercice des facultés cognitives inventives sont
les chemins par lesquels les adultes conduisent les jeunes hors de
l'enfance pour assurer leur relève. L'intelligence de l'enfant est
pour une grande part innée, c'est-à-dire qu'elle dépend des
facteurs héréditaires purement génétiques. La part restante
(certainement la plus importante) dépend des conditions du milieu
qui épanouissent cette intelligence ou l'atrophient. Cet acquis est
déterminant pour la construction de la personnalité culturelle.
-
INITIATION À LA VERTICALITÉ
Enseigner
c'est, pour nous, initier à la VIE. Mettre sur la voie de toutes les
maîtrises - générer le nouvel homme et le transformer en maître
d'œuvre. Ouvrir à plus de conscience, développer l'accès à la
réalité, à l'expérience biotypique entière, à la pleine
intelligence. Enseigner à utiliser et à maîtriser le corps,
instincts, muscles et intellect. Développer l'acuité de la
perception de tous les sens physiques en éduquant toutes les
facultés perceptives.
Eveiller,
initier à se poser des questions, à s'intéresser, à rechercher, à
s'auto-informer, à savoir se documenter, à s'auto-instruire par
démarche personnelle originale ou groupale, en prenant en charge sa
propre formation. L'étudiant cherche et trouve lui-même sa réponse
et avance à son propre rythme de découverte.1
Favoriser
l'exploration de toutes les expériences possibles, la découverte
par soi-même de la vie. Tout est moyen de connaissance. Développer
le sens critique et l'humour (au lieu de l'obéissance aveugle et de
l'acceptation inconditionnelle d'un assemblage théorique de
constructions habiles mais égarées loin du réel). Entraîner à
penser logiquement, à savoir établir les preuves de validité, de
véracité, basées sur les données exactes de la recherche
expérimentale. N'accepter rien comme vrai avant de l’éprouver. Et
rien n'est infaillible.
Développer
l'imagination pour cultiver des individus inventifs et non plus
passifs, réceptifs de cultures passées, ou des robots programmés à
la production du profit. Orienter, par des instructions directives
pertinentes, le savoir latent dans l'étude du concret. Aider à
progresser, à s'éveiller à des niveaux de plus en plus
fondamentaux. Favoriser l'initiative responsable - qui est liberté -
d'hommes complets, créateurs responsables. Réveiller les qualités
de présence de personnalités autonomes, affirmées, différenciées
(et non plus indifférenciées), ses pouvoirs d'éveil, afin que
chacun sache et puisse décider de son orientation, de ses objectifs,
de son comportement coopératif solidaire sans contrainte d'aucune
sorte, de la meilleure façon pour lui et pour le groupe. Bref se
parfaire.
Il
s'agit moins d'enseigner, de transmettre un savoir acquis que de
révéler chacun à lui-même, aux autres, par lui-même et par les
autres, par l'expérience exclusive de la (re)découverte
personnelle. Il s'agit moins d'offrir des solutions que de les
dégager, de faire accéder à la culture que de la faire naître.
Cet apprentissage à la réalité est une ouverture à l'espace
d'intelligence, afin de réaliser intégralement l'état humain.
Passer ainsi de l'élevage à l'élévation. Elever l'individu
d'abord à ses propres yeux. Eveil permanent pour combattre
efficacement les fléaux de l'ignorance. Tout inculte est
perfectible. Il suffit de vouloir.
L'acte
pédagogique initiateur est une relation éducative, formative et
informative qui, plus qu'une communication optimale de connaissances
et des voies qui y mènent, est communion, partage d'expérience,
acte d'amour authentique, qui trace et ouvre des voies. Il utilise
toutes les techniques d'éveil, d'animation, disponibles, appliquées
selon la logique de chaque individualité, et en prenant
l'auto-éducation comme principe de base. On ne sait bien que ce que
l'on découvre et expérimente par soi-même. Aboutissant ainsi à la
culture. Découvrir la vie ne peut être qu'un acte personnel et
direct, progressif dans la préhension et l'appréhension du monde.
On devient ce que l'on connaît. L'enfant n'apprend pas toujours ce
que ses instructeurs jugent important. Et chaque enfant possède un
développement cognitif propre. Il n'y a pas deux enfants qui
acquièrent une découverte exactement au même moment.
Le
formateur-initiateur montre la route, étape par étape, selon une
évaluation continue des acquis cognitifs de l'étudiant, établie
par un dialogue actif permanent. Et l'étudiant parcourt le chemin,
étape par étape, lui-même, par sa lucidité et ses efforts
orientés suivant ses pôles d'intérêt préférentiels. Travail
d'auto-découverte lente, patiente ou par bonds, expérience
d'autonomie et d'initiative, où, souvent, l'étudiant pourra
enseigner son instructeur...
La
connaissance n'est plus acquisition, accumulation muette, mais
expérimentation dynamique consacrant la mort des cours académiques
dont les méthodes ont prouvé leur insuffisance. La pensée
cognitive est reliée à la dynamique actionnelle. La pensée
cognitive est organisatrice ou réorganisatrice, inventive. Elle
provoque, stimule et enrichit la dynamique opérationnelle. Portée
par un enseignement réalisateur.
1)
- De la naissance à l'âge de 7 ans, l'éducation provient de
l'expérience parentale et communale. C'est une activité intégrée
à la vie familiale et à la vie de la commune.
2)
- De 7 à 14 ans, elle provient des instructeurs rattachés à
chaque commune ou à chaque groupe de communes. Durant cette première
période, le développement cognitif de l'enfant dépend de la valeur
des éducateurs et du matériel éducatif disponible (réseaux de TV
et d'ordinateurs).
3)
- Les 14 ans décident de la fin de la phase initiale. De 14 à
21 ans, commence l'initiation au métier choisi selon la vocation
personnelle ou bien selon l'orientation professionnelle des besoins.
Emergence à l'âge de raison. Pour une formation professionnelle
adéquate, l'étudiant se rattache comme apprenti à une école
professionnelle gérée par la guilde du métier concerné, jusqu'à
atteindre la qualification opérative puis la maîtrise. On y
reviendra plus loin.
4)
- Afin d'élargir ses connaissances, une éducation permanente
reste disponible auprès des centrales pédagogiques générales ou
professionnelles et les services d'échange de connaissances. A
partir de 28 ans, au début de chaque période de 7 ans et durant une
année, l'éducation permanente recycle, sur cette base
intermittente, les connaissances et initie aux récentes découvertes
et aux nouvelles technologies.
Les
premiers initiateurs. Les parents sont aujourd'hui comme par le passé
les agents de la société. Ils en transmettent les valeurs, les
coutumes, les connaissances. Ils sont les chiens de garde du système,
quel qu'il soit, soit d'une société fondée sur la propriété
privée, le rendement, du droit au profit, d'hommes-marchandises ou
de braves consommateurs, soit d'une société qui prône l'obéissance
aveugle à un guide ou à une caste théocratique. Les parents, au
regard de l'enfant, ne se trompent jamais, possédant le privilège
de la vérité absolue, définitive. Ils enseignent à vivre la norme
de l'époque, à marcher en rang, bras croisés, et à dissimuler ce
que l'on pense. Toute injustice flagrante est justifiée par un « il
le fallait » qu'il soit réellement justifié ou bien, le
plus souvent, arbitraire...
Leur
dressage, pour préserver la famille et la société, est fondée sur
le chantage le plus odieux, le chantage à l'amour, puis à l'argent.
L'amour parental est conditionnel. Il récompense la bonne conduite
considérée comme une preuve d'affection. La bonne mère de famille
fera de son fils un bon père de famille, meilleur que son père,
bien sûr, sérieux, installé, réussi, et de sa fille, une autre
bonne mère de famille...
Dans
certaines sociétés, la mère, réprimée, enfermée dans les
conventions sociales et culturelles, est claustrée, sacrifiée. La
vie des mères est souvent un immense mensonge subi. Aucune mère
n'arrive à comprendre la révolte de son fils. Elle croit lui avoir
offert l'incomparable cadeau de la vie, et – davantage, le cadeau
d'être son fils, pas celui d'une autre. Et elle veut qu'il
soit comme elle voudrait qu'il soit, fidèle à sa mère... Elle lui
suce la vie en l'embrassant. Elle vit, en fait, par son
intermédiaire. Elle a raté sa vie de femme et de mère et elle va
faire rater la vie de son fils en lui refusant de lui laisser la
chance de faire ce que elle n'a pas osé faire.
Et
le père, agressé à l'extérieur par les structures de la
concurrence, se défoule en jouant, à son tour, les rôles du
maître, engueulant sa femme, giflant ses enfants. Il en veut à sa
femme et à ses enfants d'en être là, malade, vaincu. Qu'importe si
les querelles des parents risquent de désaxer l'enfant ! Puis,
docile, il pense pouvoir survivre en son enfant, - son prolongement,
pis-aller de son besoin d'éternité...
Les
systèmes religieux prennent vite le relais. Dépressifs, agressifs,
oppressifs, invalidant, sources de divisions, de névroses, de
haines, ils viennent à point pour faciliter la soumission de
l'enfant aux normes et à ceux qui désormais décideront de son
avenir.
Nous
ne voulons plus la femme dresseuse d'enfants, mais donneuse de vie,
initiatrice au bonheur. Et le père, non plus un censeur qui manipule
son enfant à son gré, mais un initiateur à l'art de vivre. La
société devrait encourager l'enfant à inventer son avenir et à
penser différemment...
Les
structures sociétaires unitaires, telles qu'elles seront définies
dans les communications ultérieures, nous apparaissent comme les
structures idéales assurant l'épanouissement complet de l'enfant et
de l'adulte. Nous ne reviendrons pas sur la valeur d'efficacité des
structures naturelles. Considérer la cellule familiale comme base
unique de la vie est un mythe - et, plus grave, un leurre.
Au
sein d'une commune qui respecte tous les liens affectifs reliant les
personnes, le soin des enfants et leur éducation sont assurés
collectivement. Là, l'enfant s'épanouit car il se trouve entouré
d'enfants et d'adultes et soutenu par l'affection de tous,
contrairement à sa condition minoritaire au sein d'une famille
agacée, elle-même isolée dans un appartement situé dans une cité
indifférente, voire hostile. La vie communautaire est essentielle à
l'équilibre psychosomatique de l'enfant. Elle l'initie à la vie
commune, à la solidarité, au sens du partage et de la communion.
Elle l'épanouit tout intelligence.
L'enfant
reste jusqu'à sept ans au gynécée de la commune sous la direction
d'initiateurs spécialisés des deux sexes, membres de la commune ou
non, membres de l'Union des formateurs et dont le rôle est d'élever
l'enfant à sa condition d'homme par un apprentissage quotidien à
une personnalisation de plus en plus affirmée, responsable et
solidaire. L'homme est une unité autonome non isolée. Il vit parmi
les autres hommes, par les autres, pour les autres et pour lui-même,
étant un maillon de la chaîne biotypique humaine.
La
filiation. L'enfant est fils des hommes et fils de la Terre,
certes. Mais nous ne saurions nier la transmission et l'héritage
génétiques qui affirment les liens quasi indissolubles de la
filiation. Mais cette filiation s'arrête là. Elle n'est qu'un
repère génétique nécessaire pour la prévention future de
naissance d'enfants malformés en cas d'unions consanguines. La
filiation ne saurait représenter, en aucun cas, une attache
possessive ou le droit de vie ou de mort sur l'enfant de la part de
ses parents. L'enfant n'appartient pas à ses parents, nous le
répétons. Il n'appartient à personne. Et surtout pas à la
société, tout en en faisant bien sûr partie. Les parents ne
peuvent et ne doivent lui donner que leur affection et toute leur
aide - sans rien demander en retour. L'amour n'est pas du commerce.
Le
nom. L'enfant portera le nom choisi pour lui par ses initiateurs,
en fonction, entre autres, de ses données de naissance, de son
appartenance à un cercle familial et à un arbre généalogique, ou
bien de l'orientation que les parents attendent de lui. Adulte, il se
choisira son propre nom-présence - le nom qui l'affirmera le mieux à
ses yeux et aux yeux des autres et qui exprimera le mieux son
aventure humaine, sa destinée.
L'individu
naît d'abord de sa mère qui transmet les gènes puis de ses
initiateurs qui lui transmettent leur art, le forment à la vie et
lui délèguent leur pouvoir d'éveil. Double filiation ombilicale.
Double transmission de vie. A la limite de la transmission
initiatique, la continuité temporelle n'est plus nécessaire.
L'éducateur
initiant, ayant atteint la maîtrise de son art, se pose donc, non
comme éducastreur, mais comme un catalyseur qui appelle à
l'existence l'identité singulière de son élève, un éveilleur qui
galvanise par sa présence effective et son éthique de l'essentiel,
un animateur, un remue-méninges qui révèle, développe les
aptitudes, leur offre la possibilité de se manifester; un orienteur,
un guide directif sans absolus dogmatiques, qui ne donne pas des
« leçons », mais communique des clés. Il n'offre pas
des solutions toutes faites. Il stimule, inspire, sait semer plus de
questions (pédagogiques) que de certitudes (qui s’acquièrent par
expérience intime). Il est un transmetteur, un relais consulté qui
incite à la convergence des efforts de recherche et d'appréciation,
à la synthèse effective, sans pour autant escamoter les
divergences. Le formateur est surtout un initiateur, tracteur et
attracteur homogénéisant les partitions, un traceur, un bâtisseur
d'hommes qui épanouit les virtualités des étudiants, selon sa
propre expérience et sa propre initiative responsable. Sans
autoritarisme déplacé, il les amène à l'excellence. L'autorité
de la maîtrise de son métier témoigne d'elle-même. Réveiller,
élever n'est pas éblouir.
On
croit communément que c'est l'enfant ou le postulant apprenti qui
pose des questions et que l'initiateur est tenu d'y répondre. En
fait, c'est à l'initiateur de provoquer la question pertinente et
c'est à l'étudiant de chercher et de trouver la (bonne) réponse,
de lui-même, en lui-même. Condition pour progresser et se
construire intellectuellement. Toute réponse « juste »
est une initiation réussie, achevée. L'enseignant, l'initiateur, en
définitive, c'est soi-même, au bout de soi.
L'enseignant,
agent du système qui l'utilise pour sa conservation et sa
reproduction, légitime actuellement la société de concurrence et
de consommation. Elu comme le représentant et la source unique du
savoir et de la morale, l'enseignant, par les pratiques et les rites
éducationnels, gère le destin des enfants qui lui sont livrés,
pour le plus grand bien de la société.
L'enseignant
parle, les élèvent écoutent. L'un commande, les autres obéissent,
adaptés ou désemparés (sans d'autres échappatoires que le rêve,
la maladie, la schizophrénie...). Sa fonction est d'inculquer aux
enfants les significations culturelles de l'époque, imprécises et
souvent arbitraires, de dispenser un savoir compartimenté et souvent
périssable, et des croyances parfois absurdes, d'administrer la
vérité du moment et faire mémoriser des faits sans relations ni
complémentarité... Ses armes ont créé des programmes rigides, une
discipline et un emploi du temps décidés une fois pour toutes, une
orientation sournoise vers une société régie de plus en plus par
les rites d'une consommation effrénée... Et il harcèle ses élèves
en les encourageant à la concurrence, comme le commande l'époque...
Il lui arrive plus d'une fois de réprimer et de démoraliser
l'enfant, brisant en lui toute velléité de résistance, afin qu'il
sorte du moule, sinon poli, du moins sans aspérités, obéissant,
assidu, et sans contestation possible, abandonné dans les
labyrinthes qui ne mènent nulle part.
Le
rôle de l'enseignant est difficile. Son expérience d'enseignement
n'est pas toujours une existence manquée ou la somme de ses échecs
personnels et de ses renoncements, comme on a pu le lire souvent dans
les cénacles contestataires. Si son cours, à son image, reflète,
souvent, un apprentissage permanent à la démission, un dressage à
la résignation, un élevage au mensonge, c'est ce que la société
exige de lui, l'approuvant ou le désapprouvant, lui donnant ou lui
refusant le droit d'exister...
L'enseignant
novalien exprimera la vie, nouant des relations d'être. Tout
simplement. Ce sera son pouvoir d'élévation. Pour nous,
l'enseignant a pour fonction d'apprendre à l'enfant à apprendre à
penser, à s'informer, à se documenter par lui-même, à accorder
ses observations, à synthétiser, à classifier les informations
qu'il reçoit, à découvrir la vérité par lui-même. Et à être.
Au-delà de tous les avoirs. Il l'initie à la technique de recherche
et d'utilisation des documents, à l'organisation du travail
individuel ou groupal. Comment, par exemple, concevoir et réaliser
un projet.
C'est
à l'étudiant de formuler ses hypothèses, et d'imaginer les
expériences nécessaires pour leur vérification. De passer de la
théorie à la pratique vérificatrice. Car il est important pour
l'élève, non seulement de savoir mais de savoir-faire quelque
chose. L'animateur enseigne la création et non plus l'évocation et
le cumul de ses acquis. Il ne submerge plus l'étudiant d'un savoir
appris. Mais il provoque l'émergence d'un nouveau savoir et la
redécouverte des relations et des liens qui tissent l'univers. En
dehors de toute contrainte et de toute peur de l'inédit.
L'animateur
propose des thèmes de travaux dans une perspective analytique
synchronique et fonde des situations d'autonomie et de
responsabilités. Ces travaux, par leur déroulement, initieront
d'eux-mêmes l'étudiant à l'imagination, à la créativité, au
raisonnement juste, à l'analyse des résultats de toute
expérimentation, à la synthèse qui dégage des notions nouvelles.
L'important est de comprendre, non de retenir des formules, de
perfectionner l'étudiant par l'exercice de ses pleines capacités,
de le former à l'innovation. L'animateur forme non des infirmes
éthiques, intellectuels et corporels, mais des élans, des liens,
des bâtisseurs d'avenir, ouverts à l'intelligence du monde.
A
propos d'une œuvre, quelle que soit sa totalité expressive,
littéraire ou scientifique, de fiction ou documentaire, l'animateur
aide chacun de ses étudiants à en dégager le sens, la cohérence
interne, à canaliser ses efforts de recherche, évitant tout
brouillage parasitaire. Et, à partir du sens dégagé, il aide
chacun à s'ouvrir à d'autres sens, à ouvrir les finalités qui y
sont contenues ou qui la dépassent. L'œuvre est une fable, un
catalyseur, en qui on retrouvera les divers aspects de la réalité
sociale et émotionnelle, dépassant ainsi la simple lecture du
vouloir-dire, des intentions de l'auteur. Toute œuvre véhicule un
témoignage et des problèmes certes en relation avec la pratique
quotidienne mais qui peut aller bien plus loin, vers des généralités
sur la condition humaine. C'est pourquoi l'animateur sort de l'œuvre
et ouvre l'espace des situations et des significations dans le
prolongement ou hors de l'œuvre. C'est ainsi qu'il sert le mieux
l'œuvre et l'auteur.
L'animateur
s'interdit de parler au nom de l'auteur, d'en être l'intercesseur,
l'intermédiaire, à neutralité didactique garantie, et de conduire
le public à l'auteur en serviteur modèle et persuasif de la
Culture. L'œuvre n'est pas un objet de contemplation béate et
l'auteur n'est pas un dieu à respecter quoi qu'il dise. L'œuvre ne
vaut que par la perspective d'utilisation des significations qu'elle
engendre, et de leur portée à tous les niveaux, éthiques,
esthétiques, documentaires, etc. L'œuvre est un outil de
connaissance. Aucune œuvre ne se suffit à elle-même, n'est sa
propre justification. Chaque événement qu'elle propose à la
lecture relève d'une totalité socio-culturelle cohérente. Et
l'animateur sait articuler l'activité de lecture avec les besoins et
les urgences du moment. Il ne disperse pas l'attention en accumulant
les références biographiques ni ne travaille à faire apprécier
coute que coûte l'auteur et l'œuvre. Ce n'est pas l'auteur qui est
important. Mais ce qu'il exprime. L'animateur met ainsi sur la voie
des analogies et des correspondances, des causalités et des
conséquences, reliant les différents aspects du réel, multipliant
les cibles, guidées, toutes, par un seul fil conducteur. Lecture
dynamique donc pour une germination fertile d'idées ayant une portée
effective sur l'intelligence du réel.
Et
l'étudiant puise la connaissance selon ses motivations intimes, les
sources d'intérêt que l'animateur aura à lui faire exprimer et
selon le rythme même de l'étudiant, le rythme de l'enseignement
étant lié au degré de maturation de l'étudiant et à ses
possibilités du moment... Ainsi donc l'animateur pédagogique
sera-t-il un guide intellectuel et éthique, clair et ferme, dont la
tâche éducative - son engagement professoral consiste d'abord à
former, à ouvrir à l'espace intégral d'intelligence et à élever
le niveau d'intelligence du réel. Il éveille la conscience par
étapes successives, chacune découvrant la clé qui ouvrira la porte
suivante... Son rôle consiste également à informer, à assister de
sa compétence, à démontrer, lorsqu'on le lui demande, comment
avoir accès aux informations indispensables à l'aide de tous les
outils pédagogiques qui sont à sa disposition (encyclopédies
multimédia, sites spécialisés, etc.). Éveilleur, il saura
susciter le désir de connaissance, stimuler les recherches,
provoquer l'éclosion des talents et les perfectionner...
Pour
lui, élever un enfant, c'est s'élever lui-même. Son pouvoir
d'attraction est fonction de la qualité et des modalités de son
enseignement, de sa stratégie pédagogique, de sa compétence et de
son rayonnement naturel - valeurs pédagogiques primordiales.
DE
L'ÉDUCATION À L'INDUCTION
L'intéressement
et la fonction d'enthousiasme sont les moteurs de l'intelligence. Il
n'y a pas de savoir neutre. Et l'animateur aiguillonne l'intérêt de
l'étudiant, s'adressant au désir portant la raison, de manière à
ce que tout travail proposé soit un élément d'excitation. L'homme,
créature d'émotion, a besoin de dynamie, d'engagement. Condition
pour croître en intelligence et, plus tard, pour fonder ses choix
professionnels.
Pour
une pédagogie d'intérêt, donc, de choix, afin que 1'étudiant
puisse découvrir et suivre sa propre voie, répondre à sa vocation
intime, à ses besoins fondamentaux et à ses projets, accordant ses
études et ses travaux avec ses motivations et ses aspirations. Ce
qui aboutit nécessairement à la recherche, individuelle et
groupale, et à l'expression de soi. L'étudiant travaille poussé
par sa nécessité intérieure et non plus par le désir (parental
normé) d'obtenir un parchemin. Ce qui consolide son sentiment
d'identité personnelle et sa fierté, assurant son estime de
lui-même et développant ses compétences.
Et
chaque graine lève d'elle-même, dans la croissance graduelle des
intérêts et des aptitudes. L'animateur, suivant le processus de
maturation et d'apprentissage spécifique à chaque étudiant, et
sans jamais brider les facultés d'invention créatrice, satisfait
ainsi le besoin bionarcissique qu'a l'enfant de se personnaliser, de
s'affirmer différent, de se différencier d'abord puis de se
solidariser avec le groupe qu'il choisit, développant ainsi son
intelligence et son caractère.
La
formation d'aptitudes, rejetant un savoir classificatoire stérile,
s'appuie, dans la pratique pédagogique, sur les procédures de la
découverte par soi-même du monde, autour de soi et en soi. Et toute
nouvelle acquisition cognitive par expérience intellectuelle ou
fusionnelle s'intègre aux acquis antérieurs et les exalte.
Chacun
étant différent des autres en dons et en potentialités innées,
l'animateur, par son enthousiasme stimulant et réel, sait révéler
chacun à ses propres talents, réveiller ses potentialités et
développer ses dons. Sans jamais sous-estimer les capacités
naturelles. Bien loin de toute mutilation de la spontanéité, de la
joie, de l'identité, de la créativité.
Pour
une pédagogie directe donc et non plus directive, rigide, ou
non-directive, molle, informelle - deux aspects aussi négatifs,
voire oppressifs en définitive. Enseigner n'est pas contraindre
l'étudiant à se plier à ses propres idéaux, à brutaliser pour
convaincre et à couler l'étudiant dans le béton culturel d'une
époque. N'est pas éduquer par la menace constante et la peur.
Enseigner n'est pas, non plus, repousser toute auto-discipline ou
toute discipline de groupe, toute censure éthique, tout rôle
d'enseignant, et laisser faire, théorisant la paresse, la
nonchalance et la facilité... Il lui faut dépasser, par la
pédagogie directe, les dualités laisser-faire/discipline imposée,
échec/réussite, perte/gain...
L'animateur
établit des relations de réciprocité affective et intellectuelle
en intéressant l'enfant et en provoquant chez lui la dynamie de
l'apprentissage. Par l'exercice de ces relations valorisantes, de
cette communication interpersonnelle irremplaçable, au-delà du
langage, de présence à présence, par expérience directe, se
créent et se développent la confiance mutuelle et l'enthousiasme.
La
source du savoir est l'étudiant lui-même. La « classe »
est une zone d’apprentissage où les étudiants s'instruisent avec
l'aide de l'éducateur. Celui-ci ne donne pas un cours dogmatique et
ne présente pas un savoir tout fait, à avaler obligatoirement. Mais
il guide une enquête. L'animateur magistral n'est qu'un catalyseur.
Un révélateur. Il introduit à l'exploration et à la découverte
de la réalité. Il enseigne certaines méthodes d'analyse validées
et il provoque le surgissement de nouvelles méthodes. Il montre
diverses voies de la connaissance à parcourir, à découvrir par
soi-même, pour atteindre tel ou tel résultat spécifique. Il initie
à l'art difficile de l'interrogation. S'interroger c'est commencer à
découvrir le monde.
Il
est sans cesse en train d'enseigner par l'exemple et la
démonstration. Il dit non ce qu'il faut ou ne faut pas, mais fait
rechercher le pourquoi et comment. Il apprend le guet, l'observation,
l'écoute. A être vigilant, en alerte, éveillé à soi-même, au
monde, à son destin... Il développe l'acuité par des exercices
qualifiés. Etre à l'écoute du monde c'est apprendre à respecter
la vie, l'homme et son milieu. Il assure les besoins indispensables
(bionarcissiques) à l'équilibre individuel - initiative qui assure
l'étudiant du sentiment de sa propre valeur. Il initie l'étudiant à
l'autonomie et aux responsabilités à assumer; à l'affirmation de
soi par l'expression de ses talents, à la socialisation, au travail
en équipe, à la participation effective à la décision, à la
gestion et à l'exécution d'un projet dynamique validé par sa
finalité ; - favorisant l'estime de soi et d'autrui et la confiance
en soi et en autrui, la communication et les courants d'échanges,
etc. L'éducateur enseigne à vivre l'homme intégral.
La
pédagogie est science. Science de l'apprentissage à être élan, à
être lien, vie, toute intelligence ouverte. Afin d'acquérir la
maîtrise de sa relation au monde. - Greffer ainsi les fruits de la
science sur l'arbre de vie...
L'auto-discipline
s'acquière. Le choix du travail se cultive. L’exécution libre se
prépare. L'homme est le seul biotype à n'apprendre jamais rien tout
seul, par hasard, dans sa première enfance. Il doit acquérir tout
son apprentissage à la vie. Il naît désarmé. Il doit tout
acquérir. Mais après cette première étape, il devra gravir les
marches tout seul, aiguillé seulement par ses initiateurs... Pour
avancer, croître en intelligence, l'étudiant doit faire
personnellement son chemin de découvertes. Et, de sa propre
initiative, interroger et trouver les clés qui lui permettront
d'aller plus loin, de s'élever sur son chemin. Et c'est à lui de
solliciter l'instructeur, toute source d'information, tout matériel
mis à sa disposition... Son acharnement prouvera sa volonté et son
intelligence.
L'animateur
choisit la voie coopérative, la préférant à la stratégie
compétitive et au culte des concours. Il ne privilégie pas les
classements car, pour lui, chacun se distingue d'une façon ou de
l'autre. Tout classement, qui souvent incite à la rivalité, à la
jalousie, à la tricherie, prive finalement le moins armé de la
confiance qu'il avait encore en lui-même, tout en renforçant le
narcissisme de ceux qui ont réussi à être les premiers.
Pour
l'animateur, il s'agit moins, lors d'une épreuve de contrôle des
aptitudes, de mesurer la performance de l'intelligence ou de comparer
les mérites, que de vérifier le déroulement d'un raisonnement.
L'étudiant assure ainsi une totale authenticité de comportement,
sans dissimulation, le regard clair. Les épreuves de contrôle -
sans avertissement préalable - sont non des buts mais, pour chacun
en particulier et pour l'animateur, des moyens d'évaluation pour
renseigner sur le degré d'information, de compréhension et
d'aboutissement des efforts.
Le
travail pratiqué par les étudiants n'est pas sans finalité. Au
contraire, il est utile à l'individu lui-même qui le pratique et à
la communauté. D'une utilité reconnue, évidente, il exige des
efforts spécifiques. Et la finalité du travail est conduite
intégralement jusqu'à ses aboutissements ultimes. (En se basant sur
le fait que le rationnel est d'abord tout ce qui obéit au principe
de non-contradiction.) Et l'effort compte autant que le résultat.
Faire ainsi l'apprentissage de la participation responsable à la vie
sociétaire. La discipline s'instaure d'elle-même, due aux exigences
du travail et du travail en commun, certes, mais surtout grâce à
l'intérêt que saura susciter le formateur. Tout comportement qui
risque de les perturber est évidemment à éviter.
Dignité
personnelle assurée donc et dignité du travail créatif.
L'étudiant, pris au sérieux, est généreux. Il fait ce qu'il se
doit. A condition, bien sûr, de justifier ce qu'il fait et de
n'avoir pas à en rougir. Il fait son choix, heureux et fier. Il
s'engage dans un travail motivé, décidé, accessible, soutenu. Il
mobilise toutes ses énergies en vue des résultats effectifs à
atteindre. Se sentant nécessaire, il bâtit ses propres fondations
et celles de la société fraternelle. L'étudiant est le présent et
l'avenir. L'en-devenir.
A
partir de sept ans, les enfants de la commune ou de plusieurs
communes se regroupent en différents groupements homogènes, selon
les intérêts et les aptitudes, (non forcément en classes d'âge),
et selon l'objectif commun à réaliser par accord unanime.
L'adhérence à la vie groupale par le travail collectif et la
recherche en équipe, s'assignant une fin pratique, satisfait les
aspirations groupales tout en mettant l'individu en valeur. A l'image
d'une commune en fonctionnement autogestionnaire où chaque groupe se
prend en charge et où chacun des sociétaires apprend à être élan
et lien.
Les
conduites sont approuvées ou réprouvées par l'ensemble groupal
consulté. L'approbation sociale est importante. Personne ne vit tout
seul. Mais toute erreur est considérée comme une maladresse.
L'unique pénalité admise est le retrait, pour un temps limité, de
travailler dans le groupe. Le verdict d'exclusion limitée est
prononcé par les condisciples.
L'horaire
est souple, selon les besoins et les rythmes. Le groupe décide selon
ses besoins, gouvernant l'horloge et non plus gouverné par elle. Un
travail sérieux, finalisé, exige une concentration prolongée. Le
temps de travail est une unité, interrompue par des moments
d'aération, de détente, individuelle ou collective. Et non une
succession d'heures de cours morcelées, sans liens organiques, -
découpage artificiel du temps et des activités en périodes
d'immobilité studieuse et d'agitation-récréation, ce qui casse les
élans et disperse l'attention. Les plages horaires de détente sont
très riches de discussions pour confronter les approches du sujet
traité en cours...
L'animateur
veille à éviter de proposer un programme imprécis et flou, à
endoctriner, à conditionner par une culture tournée vers le passé.
Au contraire, après avoir défini, dans les grandes lignes, les
domaines à communiquer, il propose des noyaux thématiques précis,
progressifs, ainsi que les moyens définis de recherche, axés sur la
progression cognitive de l'étudiant. L'espace d'intelligence est
infini. Le but de l'éducateur est, non pas de morceler la
connaissance et de la livrer par tranches discontinues, partielles,
partiales et éphémères, mais d'unir harmonieusement les divers
aspects de la connaissance continue et d'ouvrir progressivement à
l'intelligence du réel à partir de l'expérience même de
l'étudiant. Il soulage son cerveau de l'effort de mémoire inutile,
car on ne retient bien que ce que l'on a intérêt à retenir pour
approfondir la recherche, c'est-à-dire lorsque l'apprenant est
motivé par son sujet. L'étudiant n’est pas une éponge à
connaissances passives.
De
ce fait, l'étudiant, intégrant ses champs d'expérience, se
découvre lui-même en découvrant les correspondances qui tissent la
réalité. Il dénombre, classe, relie, qualifie. Il comprend la
mécanique universelle, ses structures, ses lois, son devenir... Et
il voit avec ses yeux, non seulement avec les yeux d'autrui,
apprenant à distinguer l'essentiel de l'accidentel, la logique de
l'il-logique... Et il progresse, non en aveugle, mais en guetteur.
Tourné vers l'avenir, l'étudiant s'engage dans la voie prospective.
Pour
mieux comprendre, l'étudiant s'ouvre au dialogue, qu'il soit
contemporain ou à travers la distance des siècles. Mais non au faux
dialogue (double monologue, ou dialogue de sourds), mais à ce
dialogue qui n'est pas invasion de cordialités, affrontements
d'incompréhensions, duels d'incertitudes ou art de disputer ou de
diffamer, mais art de discuter pour dégager une vérité. Art qui
exige d'accorder les voix et non de les supprimer ou de les étouffer.
Et de transformer toute cacophonie en harmonie. Le dialogue se décide
lorsque l'on renonce à convertir l'autre, à lui imposer sa vérité
par prosélytisme et que l'on veut se convertir avec l'autre à
toujours plus de vérité.
Ce
qui exige non pas une confiance aveugle, naïve, cœur ouvert, œil
fermé, ou une méfiance également aveugle, œil ouvert, cœur
fermé, mais une sincérité lucide et désintéressée, cœur
ouvert, œil ouvert. Le dialogue prélude à rencontrer l'autre, et à
reconnaître sa liberté de penser et d'orienter ses réflexions, ses
choix et sa vie. Ouverture à un travail ensemble qui engendre le
respect mutuel, l'estime. « Si nous avons deux oreilles et
une bouche, a-t-on dit
justement, c'est pour écouter deux fois plus qu'on ne
parle. »
L'animateur
veille à ne pas verrouiller l'imagination et à ne pas tuer la
pensée interrogative. Toute réponse doit poser plus de questions
qu'elle n'en résout. Sinon la pensée (qui se nourrit de questions)
meurt dans l'étouffement. Comprendre le comment et s'expliquer le
pourquoi est une ascèse souvent téméraire, jamais commode.
L'éducateur utilise toutes les ressources de l'intelligence pour
ouvrir les horizons. Parmi ces ressources à ne pas négliger, le
traitement symbolique (numéral, phonétique, graphique,
mythologique, psychodramatique, etc.) des relations. Tout symbole est
comme une serrure qui s'ouvre avec différentes clés... « Ouvrant
l'école à la vie », l'animateur initie par degrés, par
paliers progressifs concentriques autour d'un foyer de sens. Il
développe surtout la fonction interrogative et exploratoire de
l'intelligence, dégageant les relations dynamiques précises, leurs
faisceaux, leur extension, leur conjonction, leur transformation,
leurs correspondances, le déroulement logique des causes et des
effets...
L'étudiant
passe au niveau supérieur d'expériences et de connaissances lorsque
son programme précédent d'expériences et de connaissances est
achevé et bien assimilé. Ce qui lui vaut une confiance en lui-même
et une assurance inébranlable. On est loin de l'artifice stratégique
du bachotage - crises artificiellement suscitées - où l'on cherche
à venir à bout d'un arriéré de travail pour pouvoir passer le
cap... On est loin des notions mal absorbées, mémorisées et
sorties pour jeter de la poudre aux yeux de l'examinateur, puis vite
oubliées... On est loin des corvées qui fragmentent la vie...
Passer
ainsi de l'élevage à l'élévation. De l'éducation à l'induction,
à l'autoformation assistée. De l'information multiforme (et
souvent de la déformation, voire de la désinformation) à la
formation vraie. Des vérités partielles inculquées à la vérité
découverte. De la reproduction inculturelle du désordre et de
l'arbitraire établis à l'ouverture à l'intelligence du monde, à
l'apprentissage de la créativité...
Il
est multidisciplinaire mais non sectoriel, unitaire et dynamique, à
l'image de la société. Et de difficulté graduée. Il s'articule
autour de trois axes :
-
La formation culturelle de base. Pour l'ouverture à l'espace
d'intelligence du réel, c'est-à-dire pour l'expérimentation des
différents moyens de connaissance distinctive (intellective,
syncrétique et synthétique) et de connaissance unifiante ; pour
l'acquisition de l'intelligence symbolique d'expression (phonique,
graphique, gestuelle) ainsi que pour la pratique comportementale
bio-éthique de base... Afin d'apprendre la vie et d'apprendre à
vivre élan et lien. De connaître le comment et le pourquoi du
monde, sa propre raison d'être et sa destination, d'éprouver son
pouvoir réel d'intelligence et de maîtrise, et de prouver, de
bâtir, par son trajet, son intime nécessité.
-
La formation aux arts et métiers. Pour l'acquisition et la
maîtrise d'un moyen d'expression, d'une compétence spécifique
utile à la société et confirmant la vocation individuelle.
Négliger l'adresse manuelle c'est atrophier le cerveau.
-
La formation continuée. Pour répondre aux besoins
d'actualisation des connaissances et d'expériences; de promotion
professionnelle (d'ajustement de qualification) ou de reconversion à
des qualifications différentes.
Ce
qui veut dire que la formation culturelle n'est pas une formation
cérébrale exclusive et unilatérale. Mais une formation
sensorielle, intellective et manuelle. Elle développe un faisceau
matriciel de qualités conscientielles et pratiques, relationnelles.
Elle développe l'acuité des sens d'observation, le goût de
l'expérimentation et de la découverte, l'habileté manuelle
expérimentale, les aptitudes intellectuelles dans la recherche
méthodique des significations, etc. Bref une connaissance ouvrant
sur l'action, sur l'insertion dans la pratique quotidienne de sa
propre valeur. Elle affirme l'individuation, la différenciation et
la solidarité. Et provoque l'imagination créatrice - qui est loin
d'être partagée par tous.
Les
propositions qui suivent ne forment pas un paquet de recettes mais un
aperçu du programme de base pour savoir quoi enseigner. Evidemment,
il n'y aura pas plusieurs cours segmentaires, peut-être cohérents
en eux-mêmes, mais dont l'assemblage peut être incohérent. Mais
faut-il privilégier un seul ensemble cohérent, intégrant,
englobant tous les aspects de la réalité, suivant, d'un même fil,
le tissage de la réalité...
De
l'initiation aux maîtrises
Dans
le treillis relationnel de la culture unitaire, base unifiante,
dégageons les principaux vecteurs d'expériences commutatives,
synchronisées ou successives, articulant l'autonomie de l'individu
et sa solidarité avec son environnement.
1
- Ouverture à l'espace d'intelligence du corps. Développement
de la conscience somatique, des fonctions vigiles de relation,
c'est-à-dire le développement de l'acuité de l'équipement
sensoriel, de l'attention et des fonctions intuitionnelles...
2
- Initiation aux sons et à leur portée et initiation au relief
musical, au chant et aux mélodies simples. L'apprentissage
linguistique et musical commence dès la naissance. L'ouïe est
éveillée dès la naissance, tandis que la vue ne s'aiguise que
quelques jours plus tard. Faire écouter chaque jour à l'enfant (au
lieu des sons discordants de la ville) une ou plusieurs mélodies
harmonieuses, simples, exerçant d'ailleurs sur lui un effet
adoucissant. L'on éduquera ainsi son oreille. Et l'enfant, influencé
par l'harmonie musicale, pourra saisir intuitionnellement
l'intelligence harmonieuse reliant toute l'énergétique universelle.
3
- Initiation à l'identification des émotions, telles que la
joie, la tristesse, la sympathie, la répulsion, le désir, la
crainte, l'amour, la surprise, la fierté...
4
- Initiation à l'organisme corporel, à la reconnaissance de ses
parties composantes et approche de leurs fonctions complémentaires
et harmonieuses au sein de l'ensemble organismique et au sein de la
biosphère. Compréhension des relations de complémentarité sous
toutes ses formes structurales. Compréhension de la compétence
spécialisée des cellules, de la nature bio-économique des
relations entre les divers ordres de cellules spécialisées, du
travail constructif mené en commun, etc.
5
- Apprentissage des arts corporels, du mouvement et de l'expression
gestuelle. Arts gymniques, chorégraphiques et martiaux,
développant la force et la beauté, l'agilité et la sûreté, afin
d'harmoniser toute la constitution psycho-somatique de l'organisme.
Ouverture à l'espace d'intelligence du corps.
6
- Initiation à l'environnement naturel. Prise de conscience des
éléments, de la Terre, du ciel, de l'eau; du monde végétal et
animal; des phénomènes naturels; de leur formation, de leur
structure, de leurs liens (les chaînes alimentaires, l'écologie),
de leurs cycles de transformation...
7
- Apprentissage de l'environnement créé par l'homme. Prise de
conscience de la ville, de la campagne, des maisons-foyers, des
temples, des sculptures, des machines, des outils, des vêtements,
des bijoux, etc. De leur raison, de leur utilité ou de leur
nuisance, de leur beauté ou de leur laideur relative, etc.
8
- Apprentissage de la vie sociale. Compréhension des groupes et
approche des fonctions sociales; du rôle des membres de la famille
groupale; des professionnels tels que agriculteurs, médecins,
instructeurs, formateurs-éducateurs, fournisseurs, transporteurs,
pompiers... ; du rôle de la cellule ponctuelle, familiale,
communautaire, du quartier, de la ville, de la région, du continent,
de la planète entière; ce que la collectivité apporte et ce
qu'elle exige de l'individu... Les jeux sont particulièrement
instructifs à cet égard. Par l'imitation (la personnalité de
l'enfant étant polyvalente), l'enfant, surmontant son individualisme
atavique, fait l'apprentissage de la coopération...
9
- Apprentissage des rapports sociaux et compréhension des
différences biologiques et compétentielles entre les individus, de
la nécessité et de l'intérêt de la coopération, à tout
niveau... Compréhension des rencontres et des relations éro-éthiques
et de leurs fondements...
10
- Initiation à la vie. Compréhension de la structure intime de
la réalité micro et macro-cosmique (l'architecture atomaire,
pulsative, l'architecture gigogne de l'énergétique universelle, les
complémentarités nécessaires et ses formes d'expression...) avec
des exemples vivants tirés de la réalité approchée
scientifiquement... (Apprendre particulièrement le tableau de
classification des atomes et la liste des 22 amino-acides constituant
les protéines.)
11
- Initiation à l'identification, au groupement, au triage et à la
classification d'objets ou d'éléments d'après leurs
caractéristiques apparentes ou intimes (leur taille, leur forme,
leur composition), leur usage, leur quantité... Apprentissage du
calcul élémentaire et de la statistique... Dans ce cadre, la
théorie des Ensembles est indispensable à la compréhension globale
de la réalité.
12
- Apprentissage des dimensions chrono-spatiales. Compréhension
des concepts de dimension, de lieu, de temps, de distance et de leurs
relations. Initiation à la relativité chrono-spatiale (micro- et
macro-cosmique)...
13
- Initiation à la lecture, au langage de culture, à la
compréhension des lettres de l'alphabet phonétique, à l'art de la
formation des mots, des phrases finalisées à l'image de la réalité
(phrases protéiniques au sein d'un texte cellulaire, par exemple).
Penser juste, c'est s'exprimer justement par la parole et l'écriture.
Ceux-ci véhiculent des jugements de valeur, le savoir-dire, le
savoir-lire et le savoir-écrire visant l'exactitude dans
l'expression où l'on se met entièrement en jeu, où l'on s'investit
dans une finalité.
14
- Initiation à la rigueur de l'écrit, à la reproduction
graphique, au dessin réaliste puis schématique. Apprentissage des
figures géométriques et des expressions idéographiques.
15
- Initiation à la méditation analytique ; à la symbolisation
abstractive, orale, picturale, numérale, idéographique, rythmique,
chorégraphique, mythologique, architecturale, psychodramatique, etc.
; à leurs multiples correspondances; initiation aux œuvres d'art, à
l'esthétique...
16
- Apprentissage de l'intellectivité. Reconnaissance et
appréciation du rôle et de la valeur et apprentissage de la
maîtrise de l'intellect coordinateur qui comprend un problème,
découvre un sens, se souvient, utilise les souvenirs, vérifie les
relations, choisit les solutions, pré-voit un objectif, combine un
plan, décide et réalise... Apprentissage de la maîtrise du pouvoir
de visualisation imaginative et de l'intentionnalité projetée dans
l'avenir.
17
- Initiation à l'examen des problèmes, des difficultés, des
solutions à apporter... Apprentissage de l'utilisation des
différents outils intellectuels et manuels... Formation d'un
ensemble d'habiletés manuelles et intellectuelles. Le savoir est un
savoir-utiliser.
18
- Apprentissage de la communication sous toutes ses formes...
19
- Initiation aux diverses expériences de distanciation,
d'identification imaginative et à leur maîtrise.
20
- Initiation éro-éthique qui ouvre la carrière de l'adulte,
qui introduit tout aussi bien aux jeux sensuels d'adultes consentants
qu'au statut de géniteur, donneur de vie, par une célébration
quasi-sacrale de l'expérience fusionnelle entre complémentaires
bio-logiques.
21
- Initiation professionnelle spécifique. Initiation à la
maîtrise exclusive d'un ensemble de connaissances et de techniques
concernant l'exercice d'un art, d'un métier. Il s'agit d'apprendre à
exercer une activité nécessaire, utile à la communauté humaine,
(et non à décrocher, en un temps limité, le droit d'exercer une
activité exclusivement lucrative souvent parasitaire). (Voir
infra)
22
- Initiation à la créativité, à l'invention, à la
réalisation d'un chef-d'œuvre - qui n'est d'ailleurs pas une fin en
soi mais un commencement. L'artisan commence sa carrière après
avoir réalisé son chef-d'œuvre. Le chef-d'œuvre qui fait valoir
la nécessité de l'artiste-créateur et qui le réalise le mieux.
Celui qu'il réussira le mieux et qui lui réussira le mieux. Et le
goût de la perfection, du beau et du service doit compenser tout
autre stimulant. Le but étant la formation de novateurs...
La
connaissance est un instrument de transformation éthique et
intellectuelle, individuelle et collective. Afin de reprendre la vie.
De reprendre vie. Mais, pratiquement, on n'achève jamais ses études,
sa progression. La connaissance est un éternel recommencement.
AUX MÉTIERS
La
culture mène au métier. Le travail n'est pas un moyen de
subsistance avec ses corollaires, la manie du rendement et la paresse
(on travaille pour n'avoir plus à travailler). Mais une fin
constructive. L'art est vie.
Pour
assurer la relève et les besoins futurs de la société en divers
spécialistes de tous les métiers et particulièrement les nouveaux
métiers, l'adolescent (à partir de 14 ans) est pris en charge
entièrement par la gilde de métier, la corporation professionnelle
où l'aurait poussé sa vocation irréductible. Après avoir acquis
une base culturelle générale, l'adolescent, en toute connaissance
de cause et avec l'enthousiasme qui le soutient, s'auto-oriente vers
la spécialisation qui convient le mieux à ses capacités, en
fonction de ses préférences... L'adolescent demande alors à
s'engager dans la corporation professionnelle choisie et, aussitôt
reçu, il acquiert une formation spécialisée différentielle,
source, ressource et preuve de culture vraie.
1
- Les validations professionnelles
L'étudiant
qui aura fondé sûrement ses choix professionnels verra ses
aptitudes examinées par les membres qualifiés de la profession
choisie - seuls compétents, formant une instance collégiale
investie du pouvoir de décision sur la corporation, et seule
habilitée à délivrer une attestation de capacité à l'exercice de
la profession, à recueillir l'étudiant au sein de la corporation
qui va l'initier, et à délivrer les titres professionnels, à
l'échelon régional et universel.
Ce
sont donc les Unions de métier qui reçoivent, forment et diplôment
les étudiants et les autorisent à exercer leur autorité
compétentielle partout où l'exigent les nécessités du service
social. Ce droit d'exercer universellement est affirmé par la libre
circulation des professionnels, sans aucune entrave nationale ou
régionale. Ce qui remet en question quelques féodalités syndicales
locales au profit de l'ouverture à la solidarité et à l'assistance
professionnelle universelle.
Les
internationales de métier, s'étendant au-delà des espaces
régionaux, s'engagent sans détours dans la construction de
l'organisme humain planétaire. Le corporatisme professionnel
unitaire, comme les familles de cellules spécialisées de tout
organisme vivant, est la solution naturelle unique à la cohésion
sociale universelle. Sinon, les naïvetés, les lâchetés et les
compromissions détruiront ce qui reste d'humain dans l'homme. Si les
hommes, au nom du protectionnisme national, continuent à s'exclure
de la vie commune planétaire du destin humain collectif, en étendant
des frontières, des barrages, des cloisons entre eux, ils
contribuent à la stérilisation de l'intelligence à plus ou moins
brève échéance. Les vieilles féodalités et oligarchies
corporatistes syndicales nationales actuelles, souvent alliées des
cartels, des castes et des kleptocrates au pouvoir, retardent tout
avancement dans l'exercice universel de la profession et ont tendance
à saboter systématiquement et sournoisement tous les efforts
unitaires d'universalisation afin de préserver leu pré carré
national. Et pourtant l'universalisation des professions, dans une
structure corporative sociétaire unitaire, est l'unique voie qui
reste pour établir un destin dynamique de paix, de fraternité et
d'intelligence. L'intelligence - science et métiers - unifie quand
les nationalismes dispersent. L'art du métier est la seule
« idéologie » à ne pouvoir être reniée ou
contestée... Il est trans-frontières.
Pour
un changement radical, donc. Nous ne voulons pas, qu'encore une fois,
les noms des systèmes changent et que les situations d'exploitation
restent. Nous en appelons à l'honnêteté intellectuelle de tout
professionnel. Qu'il ait le courage de regarder de plus près la
réalité, sans œillères et sans préjugés. Les corps de métier
se doivent maintenant de changer d'objectifs, de se doter d'un statut
spécifique et d'acquérir leur autonomie corporative vis-à vis de
l'Etat. Et qu'ils décident enfin du destin humain à assumer. Car le
sort de l'humanité est entre leurs mains.
2
- Rôles des Unions de métier
Les
Unions de métier corporatives forment à la recherche pure ou
appliquée, sélectionnent et orientent les efforts de recherche, la
dynamie des chercheurs professionnels (à temps partiel ou à temps
plein), techniciens ou travailleurs scientifiques, mono ou
pluri-disciplinaires, vers les secteurs jugés prioritaires ou
insuffisamment explorés, en symbiose avec les autres secteurs de la
vie collective. La structure corporative développe les moyens de
communication interdisciplinaires et les moyens de déplacement
professionnels. Toute décision corporative est soumise à l'étude
et à l'approbation des autres Unions de métier. Tout se tient et se
coordonne pour la perfection des tâches à accomplir.
Les
Unions de métier veillent au contrôle d'aptitude professionnel,
c'est-à-dire au contrôle qualitatif du travail de leurs membres
respectifs, sanctionnant toute défaillance et tout manquement
professionnels afin de protéger les critères de valeur
professionnelle. Elles décident également des choix budgétaires et
du seuil minimal des crédits ponctuels à accorder, remplaçant les
mouvements erratiques des capitaux. Les critères de détermination
des activités et des coûts étant basés sur une sage gestion
prévisionnelle et les orientations préférentielles en fonction
d'objectifs sociaux déterminés, décidés à l'unanimité des
Unions de métier. Chaque corporation décerne des primes
d'efficacité en fonction des résultats pratiques et des
applications que ces résultats fondent...
Les
Unions de métier suivent une approche systématique et rationnelle
des problèmes à résoudre. Les critères et les objectifs étant
clairement définis et programmés selon une vue prospective, elles
choisissent les modes d'action en fonction de leurs conséquences
immédiates et lointaines, et décident des actions thématiques en
accord avec les autres Unions de métier et de l'exécution des
investissements sans distraction par les communes spécialisées...
Les
Unions de métier se chargent de la défense corporative, chaque
institution professionnelle étant chargée de défendre, non les
intérêts catégoriels, mais les programmes de la profession auprès
du reste du corps social. Elles vérifient les inventions, toutes les
propositions, et veillent à les introduire et à les utiliser dans
les entreprises communales. La participation à l'avancement des
connaissances est, par suite, planétaire. Les Unions de métier
délivrent les certificats d'auteur, reconnaissant ainsi la paternité
d'une invention...
Les
Unions de métier ajustent périodiquement les responsabilités et
les compétences par recyclages constants et instruction permanente
au moyen de bulletins mettant continuellement à jour les
connaissances et les techniques et permettant à chacun d'étendre sa
compétence.
Les
services d'assistance et d'entraide professionnelle s'étendent à
tous les membres de la corporation dès leur admission... Le seul
groupe réellement intégrateur est le groupe professionnel. Les
groupes corporatifs professionnels sont les seuls groupes homogènes,
harmonieux, autonomes et solidaires entre eux, capables de maîtriser
réellement et de faire appliquer une stratégie de travail
coopératif à toute échelle, communale, régionale ou planétaire.
D'orienter et de coordonner les faisceaux d'activités et de
participer au développement culturel constant de l'ensemble
humain...
L'armature
corporative coopérative, par la concertation d'ensemble intra- et
inter-professionnelle qu'elle porte, éliminant la séparabilité des
efforts et les contradictions, par la coordination générale dans la
répartition détaillée des tâches à l'échelle planétaire, est
une impérieuse nécessité économique et culturelle. C'est une
telle politique d'ensemble qui permet d'exploiter corporativement,
rationnellement, efficacement, les ressources de la Terre et de les
distribuer là où les besoins les appellent... Nous y retrouvons
ainsi une pratique sociétaire concrète de la connaissance unitaire.
Bien au-delà des contradictions inter-nationales et des relations
exclusives de profit...
Tout
aspirant à un métier donné n'est certes pas toujours initiable.
Tout métal ne convient pas aux constructeurs. Des tests d'aptitudes
professionnelles vérifient les capacités du postulant. Reçu,
celui-ci aura à gravir, dans toutes les disciplines, dans tous les
métiers, trois stades principaux : L'apprentissage, la
qualification et la maîtrise, couronnés par l'expertise.
1)-
L'apprentissage. Commencé au seuil des 14 ans, l'apprentissage
est graduel et couvre trois degrés sur trois ans de durée. Ce n'est
jamais du premier pas qu'on parvient de l'ignorance à la maîtrise,
quelle que soit la valeur de l'aspiration. La durée, bien entedu,
est toute relative et l'élément dont les aptitudes sont
exceptionnelles gravira rapidement les étapes...
2)-
Le compagnonnage et la qualification. Elle s'acquiert par
l'exercice et l'expérimentation rigoureuse. L'ouvrier technicien,
praticien déjà formé, prend conscience de ses compétences et de
la solidarité de son groupe de référence. Ce stage confirmatoire
couvre trois degrés également sur trois ans de durée, passées
dans une commune technique. Cet avancement exige un engagement
personnel. Des centres techniques préparent les ouvriers spécialisés
pour les métiers les plus complexes.
Avant
la maîtrise, et dans le but d'acquérir la maîtrise
professionnelle, des voyages de spécialisation autour du monde
parachèvent la formation, durant au moins deux années. Ce voyage
formationnel a pour but d'abord de visiter des régions du monde de
manière à mieux approcher les coutumes et les mœurs de contrées
différentes, puis, essentiellement, à parachever la qualification
professionnelle par un contact plus précis avec les données réelles
planétaires propres à la profession du voyageur. La circulation des
hommes et des connaissances et la rencontre des expériences brasse
l'intelligence des peuples et l'enrichit.
Le
voyageur est reçu par une commune professionnelle d'accueil chez qui
il séjournera à titre d'hôte. Séjour aux effets formatifs
certains. Le compagnon partage la vie quotidienne communale et
s'exerce à une pratique du métier différente tout en y apportant
son propre savoir-faire. Après ce séjour, il sera accueilli par
une autre commune, dans une région différente, jusqu'à ce qu'il
ait accompli son pèlerinage complet autour du monde. Enfin le
compagnon choisit de se fixer là où il sera le plus utile. Les
communes d'accueil ne reçoivent en général aucune allocation ni
subvention pour le séjour de leur hôte, renouvelant les traditions
d'hospitalité et d'accueil.
3)-
La maîtrise et la possession d'un art à la perfection. Ce stade
couvre un degré (le septième et dure de la deuxième à la
vingt-quatrième année de l'étudiant. Celui-ci, deux fois né, de
sa mère et de ses initiateurs, et arrivé à la maîtrise d'une
technique, prouvera, par une démonstration spécifique - son chef
d'œuvre - qu'il réalise, par son art intime, la vocation qu'il
porte en lui... Désormais, il pourra choisir son nom, sa signature,
sa marque qui le distingueront à jamais. Puis il revendiquera
l'autorité de l'expertise, et d'être, à son tour, un transmetteur,
un initiateur.
4)-
L'expertise. Ce stade magistère couronne l'itinéraire. Il
couvre deux degrés, le dixième gouvernant son action directive à
l'échelle planétaire et s'étend sur une période non limitée.
L'expertise est le stade de celui qui acquiert l'autorité de
maîtrise, la compétence professionnelle parfaite et qui reste assez
fier pour ignorer la vanité. Il devient alors initiant, instructeur
et il porte ses connaissances aux nouvelles générations, devenant
ainsi la pierre angulaire de tout l'édifice professionnel. Après un
stage d'enseignement où il éprouve ses connaissances (8ème
degré), il pourra procéder à des recherches plus approfondies
(9ème degré)... Au 10ème degré, vers les 35
ans passés, il peut alors participer à la gestion planétaire de
son Union de métier et participer ainsi directement au gouvernement
mondial.
Le
programme d'enseignement est régulièrement adapté aux progrès des
connaissances qui étendent sans cesse la descriptive, le
développement, l'expérimentation et l'application technologique de
pointe. Et vu l'avancée des connaissances et de la technologie, un
continuel réajustement s'impose à chacun par une formation
permanente, assurée par les réseaux corporatifs ou généraux, et
un recyclage intermittent qui pourra avoir lieu une année durant, au
début de chaque période de sept ans, à partir de 28 ans.
En
fait, donc, il n'y a qu'une seule et unique initiation
professionnelle. De nos jours, elle peut être multiforme et très
complexe à mettre en oeuvre. Mais la constante c'est que l'individu
reste toujours un apprenti, un cherchant, un point vivant
d'interrogation. Car il a toujours à s'instruire, à connaître, à
maîtriser. Et surtout à apprendre de la nouvelle génération
montante qu'il se propose d'initier à son métier. Le maître n'est
pas plus que l'apprenti. Et l'apprenti porte en lui tout l'avenir.
Toutes
les Unions de métier de toutes les régions coordonnent leurs
programmes de formation et de recherche. De sorte que la
reconnaissance mutuelle de la valeur compétentielle est
immédiatement et universellement acceptée.
1)-
Les équivalences. Il est plus facile de se comprendre, de
discuter, de décider professionnellement ou
inter-professionnellement si les individus concernés sont tous d'une
degré professionnel identique. Cette équivalence fonde tout vrai
dialogue. Autrement les gens monologuent sans pouvoir se comprendre
du fait de la différence entre leurs connaissances, entre leurs
degrés compétentiels, mise à part la différence des points de
vue...
Il
est, dès lors, préférable de signaler certaines équivalences en
vue de faciliter et de simplifier les échanges professionnels. Par
exemple, nous suggérons que chaque Union adopte un symbole servant à
l'identification et à la reconnaissance immédiate de ses membres,
et à chaque degré de chaque corporation, un symbole supplémentaire
destiné à l'identification des membres des degrés identiques de
toutes les Unions de métier. Ces insignes, affichés en médaille ou
au revers du vêtement, représentent l'unique signe d'identité
professionnelle apparente.
2)-
Le fichier d'identité. Chaque Union tiendra à jour les
renseignements individuels concernant l'identité, la profession, le
parcours. Un fichier mondial unique (avec tout un réseau de
ramifications régionales) recueillera tous les renseignements qu'on
lui aura fourni concernant chaque individu de telle ou telle
profession, en liaison avec les fichiers de chaque Union de métier.
Ce
fichier rationnel présente divers avantages. Il est pratique,
simple, universel. Un dossier unique est consacré à chaque individu
à partir de sa naissance. Tout individu peut à tout moment examiner
son dossier. Il est, du reste, périodiquement informé de toute
modification qui y serait apportée. Il fait rectifier son dossier
s'il le juge nécessaire. Tout individu peut consulter le dossier
d'un autre individu à condition que le consultant soit identifié et
que l'intéressé, préalablement prévenu, accorde son autorisation.
L'accès aux fichiers s'opère par le moyen des centres de
documentation. Ces centres recueilleront également toutes les
archives des métiers concernés, l'historique de leur évolution et
les professionnels qui les auront exercés.
À LA
CONNAISSANCE UNIFIANTE
Elle
complète toutes les précédentes initiations et leur donne toute
leur valeur. Elle est le but final, ultime, auquel aspire tout
cherchant désireux de parvenir à un état de connaissance reliante
unifiante. Cette initiation est un pèlerinage ardu au bout de
soi-même, à sa racine, aux sources centrales de la réalité -
aboutissant à la compréhension de sa propre réalité
existentielle. Elle est mise sur la voie de la réalisation
personnelle du réel entier vécu dans sa nature intime.
En
effet, il ne s'agit pas ici de cerner la structure de la réalité
intellectuellement, de la démasquer rationnellement. Mais d'amener
l'homme de l'expérimentation intellective rationnelle à
l'expérience relationnelle réalisationnelle de la réalité. De la
science méditative, distinctive, comparative, inévitablement
réductrice, à la connaissance unitive - autologique. De
l'intelligence discursive à l'intelligence du réel existentiel. Des
sens vers le sens. De l'individualité microcosmale à la
personne unique intégrant en elle la multiplicité harmonique,
transmutant son Je en Nous.
Il
s'agit de passer du connaître rationnel à un vécu de conscience
non-conventionnel qui s'éprouve sans jamais se prouver. Cette
expérience directe de la réalité n'a pas besoin de passer par la
médiation de concepts, de conventions conceptuelles et de
classifications toutes relatives, limitatrices. Comme l'amour, elle
n'est ni livresque ni discursive. Elle échappe à toute
introspection lucide, à toute motivation volitive. Elle n'est pas
acquisition, objet de connaissance intellectuelle, un savoir
décomposable en concepts. Elle n'est pas apprise, rassurante,
publique. Toute intelligence exclusivement doctrinale est statique.
Tandis que l'expérience fusionnelle est dynamique.
Il
ne s'agit pas d'une expérience imaginative, un sentiment d'éternité
imaginairement objectivé, dû à une attention somnambulique à la
très forte puissance d'illusion, ou à un quelconque conditionnement
mental - puisqu'elle est sans but, sans intention et sans intérêt
pratique. L'initié n'est pas un grand illusionné « qui
confond un état subjectif d'ébriété avec la prise de conscience
d'une réalité objective » et qui vit un paradis imaginé à
sa mesure, en guise de consolation...
L'expérience
unitive ne raisonne ni ne plaide ni explique. Elle a peu de chances
de convaincre. Elle se dérobe à toute validation expérimentale,
statistique. En fait, il ne s'agit pas de convaincre, de discuter, de
démontrer, de spéculer mais de vivre une expérience-témoignage
qui ne se laisse pas réduire à des formules explicites. Les mots
usuels ne peuvent exprimer une telle expérience cruciale. Comme
l'amour, elle n'est ni livresque, ni discursive, ni communicable.
Mais opérante, active, dynamique, illimitée et strictement intime.
Comment réduire une expérience amoureuse ou musicale directe à une
formule abstraite ? Comment l'écrire, la minéraliser, la figer par
nos expressions malhabiles, fragmentaires, inadéquates, symboles
d'arrêt ? Indicible, cette connaissance ne tolère aucune
codification, surtout dogmatique, infaillible, définitive, aucun
formalisme, aucune identification limitative. L'approche n'a d'autre
limite que l'individu. Et seul peut comprendre l'intégralité d'une
telle connaissance informelle universelle celui qui l'a déjà
expérimenté.
Cette
initiation majeure à l'entière connaissance expérimentale de la
réalité ne peut en aucun cas être vendue ou donnée, apprise par
correspondance, organisée, prise ou subie. Elle est personnellement
vécue. Et la présence d'un initiateur est nécessaire. Rien que par
sa présence, l'initiateur éveille. Une parole, à telle heure, pour
telle personne, suffit à la soutenir, à la guider et à l'engendrer
être neuf...
ET DE DOCUMENTATION
L'école
et l'université sont des éléments unificateurs stratégiques de la
société. Elles sont le cadre de regroupement et d'articulation de
la communauté, son centre-soudure, le lieu d'enracinement de son
avenir. Elles sont des pôles d'animation pour toute la communauté.
Leviers pour une réforme de la société. L’école et l'université
- qu'elle soit particularisée ou à vocation multiple, sont, non des
citadelles, mais des centres de rayonnement culturel, de recherche,
d'enseignement et d'assistance technique au service de la communauté,
assurant ainsi leur vocation sociale pratique.2
C'est
d'abord la communauté qui assure la formation et l'instruction de
ses enfants en bas âge. Et ce sont des adultes-experts des deux
sexes qui les élèvent. Plus tard, les enfants se dirigeront vers
les filières d'enseignement de formation professionnelle, allant de
l'apprentissage à la maîtrise, organisées régionalement par les
Unions de métier. Le nombre des étudiants est, bien sûr, en
fonction de l'attrait de l'enseignement proposé et de son
efficacité. C'est-à-dire des initiateurs. Et de la profession.
1)-
Un système mondial d'information scientifique servira à la
diffusion du fond mondial de connaissances dans une
optique pluridisciplinaire encyclopédique. C'est ce que tente de
faire et réussit Wikipédia aujourd'hui, malgré quelques
approximations, d'ailleurs vite rectifiés par des scrutateurs
vigilants... Ce système utilisera un service de collecte,
centralisant les livres, les rapports; un service de triage,
d'indexation, de traitement de l'information, d'analyse des données,
d'étude des corrélations interdisciplinaires, d'évaluation
discriminatoire qui décide l'introduction des nouvelles données, un
service d'archivage, banque de données, et un service de diffusion
mondiale de l'information à travers les artères prévues, à
travers tout le réseau de distribution planétaire. L'Internet est
un magnifique outil pour l'avancée des connaissances. Constamment
mis à jour par l'envoi périodique de documents par les flux
appropriés, le centre universel de documentation servira également
de plate-forme pour toute opération de validation des connaissances
et des informations. Les nouvelles thèses non encore validées (même
si certaines ressortent d' « élucubrations »
invérifiables) auront bien entendu leurs sites, au nom, non
seulement de l'indispensable liberté d'expression, mais aussi de
réservoir à idées, les idées n'ayant pas de frontières, et
l'inventivité humaine ne pouvant jamais être bornée.
Ce
système d'information constante couvre tous les secteurs de la vie.
Il tient au courant des développements dans chaque domaine
d'intérêt. Chaque discipline est ainsi couverte par un réseau
cohérent facilement accessible. Tous les centres sont reliés entre
eux et répartis à l'échelle planétaire. Les terminaux personnels
ou professionnels, centres de dissémination informationnelle, sont
les principaux centres de documentation et d'échange.
Ces
centres, structure active d'accueil, comme les bibliothèques où
l'on va consulter un ouvrage spécialisé, sont ouverts à tous, de
tous les âges. Toute personne peut ainsi, à travers un processus
conversationnel simplifié homme-machine, acquérir des connaissances
ou vérifier les siennes. La communication des informations
cohérentes aux fins d'utilisation, se fait à travers des index, des
bulletins, des flux, les supports papier, numériques ou filmiques,
mises au point monographiques thématiques... Dans la langue demandée
et suivant l'âge et la qualification (précisée au préalable) du
demandeur. La solution centralisatrice est la meilleure pour éviter
tout genre de gaspillages et essaimer une connaissance descriptive
naturaliste universelle.
Ces
centrales sont des auxiliaires précieux de documentation et de
gestion. Ces supports d'enseignement sont des alliés des
instructeurs éducateurs dont la présence et l'animation dynamisante
restent nécessaires. Rien ne remplace la présence effective de
l'initiateur et la communication interindividuelle. Evitant
l'uniformité culturelle et la conformité, chaque animateur ayant sa
propre personnalité, son rayonnement et ses propres méthodes.
Considérer une centrale de documentation comme un supermarché de la
culture servie par l'audio-visuel sans chaleur et livrant des
aliments sans valeur nutritive réelle, est proprement aberrant.
La
machine rend l'homme plus libre mais son devoir d'intelligence plus
impérieux. Auxiliaire de l'homme capable de la fabriquer,
multipliant son pouvoir logique rationnel déductif et son pouvoir,
et étant longtemps fille de la guerre, eh bien qu'elle devienne
source de paix. Science appliquée, qu'elle devienne le principal
instrument d'ouverture à la pleine intelligence.
2)-
Structure de documentation informationnelle. Cette structure
informationnelle suppose donc une banque du savoir encyclopédique,
un réseau et un matériel d'information. Elle est régie par l'Union
planétaire des informateurs.
La banque centrale du savoir
encyclopédique, d'accès
libre, à l'image de Wikipédia,
ou d'un moteur de recherche tel que Google, est équipée pour
-
la recherche et la collecte automatique systématique de toutes les
informations techniques, économiques, culturelles, des résumés
bibliographiques couvrant tous les secteurs, particulièrement les
nouveautés orientées vers l'avenir et la synthèse...
-
le traitement :
-
la déduction thématique selon la teneur (la signification) ;
-
l’interprétation selon les recoupements multisectoriels, les
inférences, les interprétations des interrelations, les idées
personnelles ;
-
la projection thématique;
-
l'analyse complexe, approfondie, pertinente, des données ;
-
le traitement qui décèle un nombre maximal de relations
qualitatives entre les divers éléments d'appréciation, les
processus d'intégration, les collisions entre plusieurs données
précédentes, les réactions;
-
le calcul prévisionnel;
-
L'évaluation critique;
-
et la décision enfin : si les données sont positives, le
jugement est fondé, l'information est retenue; si les données sont
négatives, les données sont renvoyées pour un complément
d'information.
-
le stockage :
-
l'indexation par thèmes-clés ; système de classification
thématique assortie d'index à plusieurs entrées faciles à
retrouver et à utiliser;
-
l'archivage centralisé thématique (du générique au spécifique)
des rapports complets assurant le classement et la reproduction des
documents microfilmés;
-
la mise en mémoire et le stockage en dépôt...
-
la manipulation :
-
la mise à jour continuelle de l'état des connaissances par un
conseil formé des experts des Unions de métier concernées, qui
veillent à la synthèse du savoir par une comparaison permanente des
profils thématiques et leur évaluation syncrétique et synthétique
;
-
et qui développent les méthodes de programmation, développement
nécessaire dû à l'accroissement continuel différentiel
quantitatif et qualitatif des données informationnelles qui
progressent exponentiellement.
-
le traitement par un service systématique de résumés
bibliographiques;
-
la vulgarisation pour les non-initiés adultes, les apprentis et les
enfants par un service compétent formé d'experts de toutes les
Unions de métier professionnelles concernées;
-
la traduction par un service compétent;
-
la centralisation pour une diffusion sélective dynamique de la
documentation encyclopédique du fonds mondial de connaissances
utiles;
-
la production d'éléments filmiques informatifs descriptifs (en
relief holographique par exemple).
-
la communication :
-
l'accès direct à l'information permet une communication idéale
entre tous les cherchants et les éléments d'information au moyen
des véhicules de l'information documentaire qui enserrent la Terre
d'un vaste réseau d'information
-
les satellites artificiels en orbites stationnaires ;
-
des centres régionaux publics d'information;
-
des circuits télévisionnaires d'information;
-
des terminaux numériques
-
enfin des périodiques informationnels;
-
sans jamais oublier l'essentiel : les tournées de conférences et de
rencontres à tous niveaux.
-
L'utilisation.
Par
la consultation directe, la centrale répond à toutes les questions
judicieusement posées par un moteur de recherche, par une
appréciation complète immédiate selon le niveau culturel et
professionnel du consultant. Par exemple : A- une réponse
technique pour les spécialistes ; B- une réponse vulgarisée pour
les apprentis et les non-initiés; C- une réponse circonstanciée
pour les enfants... et ce, dans la langue voire le dialecte
souhaités. Ainsi l'information exacte et immédiatement disponible
permet-elle de communiquer à qui le demande l'état mondial des
connaissances à l'instant. Ouvrant de plus larges perspectives à la
pensée inventive.
Cette
centrale pourrait être placée sur orbite terrestre stationnaire. Un
tel satellite universel serait relié à d'autres satellites et à
des centrales-relais continentales...
1)-
L'appoint télévisuel et numérique. Pour l'élévation du
niveau informationnel, le service de production d'éléments
filmiques de l'Union des informateurs, prépare des films
documentaires, gradués selon une approche programmée et formant des
cycles complets d'information thématique descriptive. Auxiliaires
des instructeurs, ces documents scientifiques sont livrés sur tous
supports numériques ou en d'autres systèmes appropriés...
2)-
Les périodiques informationnels. Le livre scolaire est remplacé
avantageusement par un périodique ou un quotidien, préparé, mis en
ligne et diffusé gratuitement universellement par l'Union des
informateurs par flux à tous ceux qui en feront la demande. Cet
instrument vivant, mouvement de convergence des tensions vers un
dépassement culturel, est composé d'une partie informationnelle et
d'additifs destinés aux professionnels de chaque métier. La langue
utilisée est définie par l'aire de distribution du périodique...
A
titre d'exemple, un tel média instructif expose des nouvelles
documentaires sur l'état actuel du monde et du savoir, un
compte-rendu de toute l'actualité régionale et planétaire,
traitant les faits ou les groupant pour leurs causes et leur
signification globale et non seulement en rubriques ; sur la vie
sociale régionale et planétaire, sériée par domaines
d'activité... Il fournit l'information et la documentation de fond
par des analyses sur l'avancement des sciences (théories,
recherches, expériences...), des statistiques, des synthèses, des
enquêtes et des reportages. Il analyse tous les ouvrages et les
documents reçus... Dans ses pages relationnelles, il expose le
courrier des lecteurs et les appels d'offre de peuplement
d'ateliers-communes en voie de formation; les messages ; etc. Il
annonce les nouveautés survenues (techniques, théoriques,
méthodologiques) avec des études critiques des produits. Il réunit,
par rubriques, toute l'information publicitaire vérifiée. Et enfin,
il réserve des pages pour les jeux d'intelligence et l'humour,
supplément indispensable...
DANS LE
CHANTIER SOCIÉTAIRE
Le
parcours pédagogique est la charpente de la société. Il tisse un
lien puissant entre les générations. Cette garantie acquise
d'intelligence et de bonheur rehausse et confirme l'importance
qualitative de chacun, sa nécessité. Durant tout son parcours
pédagogique puis par son action professionnelle, l'étudiant a dû
répondre aux questions fondamentales que ses instructeurs lui ont
posé, dès ses premiers pas sur la voie
« D'où
viens-tu ? - Du centre.
Qui
es-tu ? - Qui je suis.
Où
vas-tu ? - Vers plus haut. »
Cet
étudiant alors, qui, par son expérience unique, a ainsi pu
connaître son identité originale, sa mission unique de vie, va se
nommer s'honorer d'un nom-présence, devise qui rappellera à tous la
voie réalisationnelle où il s'engage fermement, sa vocation, son
programme de vie.
Pierre
vivante équarrie. Pierre d'angle. Emergeant, phare assumé au-dessus
des remous de la quotidienneté, et en même temps pleinement engagé
dans la quotidienneté, il travaille à dynamiser la structure
corporative organismique, charpente de la vie sociétaire. Veilleur
et éveilleur, il travaille ensuite à repasser son flambeau.
Instruire. Unir. Elever. Que vaut la semence sans le champs ? Il n'y
a pas d'hommes isolés. S'ils sont relativement autonomes, ils
restent tous nécessairement solidaires. Et l'expert plus que
l'apprenti.
Actualisant
ses connaissances, il instruit donc à son tour, sans vaines paroles
qui épuisent sans convaincre. Il éclaire sans éblouir pour
conduire de l'éphémère à l'essentiel. Il dynamise, vivifie,
unifie. Son action rayonnante s'étend à partir de son épicentre,
de son coeur, de ses mains, non seulement de son cerveau... Il aide
les autres, les apprentis, à se comprendre - non à comprendre le
niveau qu'il a lui-même atteint. Il évite de se singulariser
gratuitement, de proclamer ses titres. Son rayonnement doit suffire à
prouver ses maîtrises, contrairement aux bateleurs d'estrade qui
s'affublent des hochets d'une sotte vanité. L'inculture dont ils
sont la preuve n'est qu'une collection de références et de
citations, qu'un assemblage réactif d'éléments disparates confinés
dans une intellectualité verbeuse ludique sans prise réelle sur la
vie. Triste témoignage d'une histoire d'errance, sans fondements, et
d'une violente crise d'inflation dans un chaos d'incompréhensions et
de malentendus.
Pour
nous, l'espace culturel est un carrefour de communication et de
transmission d'expériences, de connaissances et d'arts, sources
fécondes d'intelligence. Ce qui fonde la modernité évolutive d'un
destin assumé comme sociétaire et unitaire. Nous en reparlerons
dans la communication suivante, approche de ce que sera l'université
ouverte novalienne.
LIENS et VOIES de RECHERCHE sur
la PÉDAGOGIE
NOTES
1Le
mot « Etudiant » en français comme « Student »
en anglais signifie personne qui étudie. Comme si l'initiative
personnelle de l'apprenant n'était pas prise en compte et que la
société l'oblige à suivre des études. Dans la civilisation arabe
ou persane, le mot pour désigner l'étudiant est « Tāleb »,
demandeur, ce qui veut dire que l'étudiant prend lui-même
l'initiative et demande expressément à recevoir un enseignement.
2Des
centres de socialisation prendront en charge les inadaptés
psychotiques et leur rééducation par diverses activités
artisanales. Ils forment des collectivités centrifuges où tous les
intervenants, médecins, infirmiers et inadaptés vivent en
communauté, libres, sans restrictions ou discriminations. Les
patients n'y sont pas aliénés et ce, quelle que soit la difficulté
d'intégration. Ils vivent dans un climat délivré des notions de
culpabilité et de punition...
© Claude Khal 2013
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